Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mercredi 29 septembre 2010

Folie furieuse, J.Attal, S.Million


Je n'avais plus lu un livre comme celui-là depuis (ouille !) 25 ans : un livre dont vous êtes le héros (vous vous souvenez de ces bouquins où on pouvait choisir la suite des aventures du personnage ?) ! Ou plutôt dont j'ai été l'héroïne pendant une bonne heure de plaisir et de rigolade, le tout sur fond de recherche du grand amour. Bon, apparemment, je n'ai pas gagné mais je me suis bien marrée. J'en redemande.
Il y a le même, version garçon : Pagaille monstre. Lâchez-vous et achetez-le(s) : ça ne mange pas de pain mais ça fait du bien !

mardi 28 septembre 2010

Arlon et l'insécurité ?

Deux fois en un mois, ma librairie a été cambriolée. La première fois, un week-end, le voleur (il, elle, eux ?) a fracturé la porte. Aujourd'hui, chance pour lui, la porte était ouverte.
Ces deux événements faisant suite à un carreau cassé et un coup de poing dans la figure de mon mari, je ne peux que déplorer le délabrement continu du centre-ville.
Et que l'on ne vienne pas me consoler ou me rassurer en disant que ce n'est pas mieux ailleurs. Ailleurs, je m'en fous, je n'y habite pas, mes enfants non plus.

Manuel de savoir-vivre à l'usage des jeunes filles, J.Gassot, S.Million éditeur


Variations autour de la jeune fille, de quelques lignes à quelques pages, à travers des textes tels que Le téléphone, La nouvelle Eve ou encore L'urbanisme, l'auteur parle aux jeunes filles ou les fait parler pour le plus grand bonheur de toutes et tous, jeunes ou moins jeunes.
Au-delà du plaisir que j'ai éprouvé à lire ces textes, je serais ravie d'en écouter certains joués sur scène.
Et avis aux (jeunes) filles : l'auteur est jeune et beau.

jeudi 23 septembre 2010

Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret, Sibylline, Capucine et J.d'Aviau, Ankama


Petit personnage très stylisé, Alphonse Tabouret est seul et part à la recherche d'autres gens. Il en rencontrera de bien étranges mais fera également l'expérience du vide et de la solitude. Jusqu'au jour où...
A la fois tendre et métaphysique, cet album est une belle réussite.

Un nouvel éditeur... de la balle


Evidemment, le jeu de mots de mon intitulé est ridicule : je suppose qui si cet éditeur a choisi ce nom, c'est pour le sens imagé de cette presque nouvelle expression.
Mais, avec seulement 5 titres pour le moment, ce nouvel éditeur l'est vraiment... de la balle. J'en ai lu 3 et les 3 m'ont charmée.
La série des Chatofou ou comment donner envie à nos enfants de bricoler avec 3 fois rien et pourtant faire des merveilles ; Jamie a des tentacules, d'inspiration très américaine et tellement proche de l'imaginaire de nos p'tits mecs ; et, pour moi, le meilleur pour la fin : Une nuit sans lune, pour un texte de E.Keret mais surtout une illustration hallucinante de David Polonsky (le directeur artistique de Valse avec Bachir).
Longue vie à ce nouvel éditeur !!!

L'enquête, P.Claudel, Stock


Evénement éditorial et médiatique, le nouveau roman de P.Claudel n'en a pas été un pour moi. Ennuyeuse, "déshumaine", absurde, cette histoire (enquête sur une vague de suicides dans une Entreprise) qui pourtant me tentait m'a énervée. Mais peut-être était-ce le but.

mercredi 22 septembre 2010

Une fois n'est pas coutume


Entré en contact avec moi après avoir lu mon blog, l'auteur de ce très bel objet me l'a gentiment envoyé. Bien que ne soutenant pas particulièrement l'auto-édition, j'ai lu ce poème avec beaucoup de plaisir et vous renvoie à son site (www.lamourdelivre.fr) au cas où vous souhaiteriez l'acquérir.

Que sont les auteurs jeunesse devenus ?


Les soirées lecture avec mes enfants se suivent et, malheureusement, se ressemblent. Hier encore, je suis rentrée avec 5 albums jeunesse sous le bras. 5 albums plein de promesses vu les auteurs, illustrateurs et maisons d'édition.
Et, une fois encore, la déconfiture. Trop longs ou trop courts. Ni drôles, ni particulièrement intéressants.
Le seul à avoir retenu notre attention : Adieu Chaussette de Benjamin Chaud (le "papa" de l'adorable Fée Coquillette) aux éditions Hélium. Un texte un peu long mais une histoire drôle et tendre et un dessin particulièrement expressif. Et surtout un lapin nommé Chaussette qui ressemble étrangement au nôtre.

mardi 21 septembre 2010

Loin du monde, D.Bergen, Albin Michel


Nous sommes en 1973 dans la campagne canadienne. Lizzy Byrd a 17 ans. Elle, ses parents et ses trois frères vont passer l'été au « Refuge », espèce de communauté spirituelle pseudo thérapeutique, dans laquelle Norma, la mère, devrait sortir de sa déprime chronique. Ce ne sont vraiment des vacances pour personne ! Lizzy rencontre Raymond Seymour, une indien ogibwé de 19 ans dont elle s'amourache... gentiment ! Pas vraiment une passion, mais cette relation entre une Blanche et un Indien dérange voisins et flics. C'est pour Lizzy le passage de l'adolescence à l'âge adulte où elle doit se substituer à de vrais adultes désabusés et complètement irresponsables. Il n'y a pas vraiment d'intrigue et rien de vraiment palpitant : c'est juste la fin d'une innocence, celle de Lizzy, racontée avec pudeur par un auteur trop distant de ses personnages qui se contente de suggérer sans jamais s'impliquer.

Les oiseaux, G.Zullo et Albertine, La Joie de Lire


De cet album très poétique, je retiendrai une page drôlissime : le chauffeur du camion rouge qui tente de s'envoler. Hippolyte était mort de rire...

samedi 18 septembre 2010

L'hypnotiseur, L.Kepler, Actes Sud


Ecrit à 4 mains par deux auteurs suédois réunis sous un pseudo unique, ce thriller a de belles envolées. Toutefois, je me demande s'ils n'auraient pas mieux fait d'écrire chacun de leur côté car le récit contient en réalité deux intrigues qui, traitées séparément, auraient pu faire deux bons romans. La réunion des deux en un seul texte donne une histoire plaisante mais plutôt brouillonne.

jeudi 16 septembre 2010

Le faune Garbiel, Yaxin T1, D.Vey et M.Arenas, Soleil


Le dessin est beau, beau, beau... Le texte poétique (un peu trop, peut-être ?). Je ne suis pas certaine d'avoir bien compris mais le tout m'a fait penser à mon fils Hippolyte, rêveur et joueur du matin au soir et du soir au matin. Je suis sous le charme.

mercredi 15 septembre 2010

Une belle histoire d'amour qui finit bien, X.Deutsch, R.Laffont


Une belle histoire d'amour qui finit bien commence bien, mais s'essouffle vite. C'est vif et acéré comme "Assez parlé d'amour" d'Hervé Le Tellier, cela a le sens de la formule comme un Amélie Nothomb et cela a la pétillance de "Fanfan" d'Alexandre Jardin. Mais cela sent l'exercice de style, le roman "à la manière de", le copié-collé de recettes. Un verre de champagne, une pirouette, et puis quoi...?
Au final, un texte superficiel qui fait s'agiter des personnages archétypaux dans des situations clichées, prétextes à l'exposition de phantasmes de quadra bien trop convenus. Le lecteur cesse vite de sourire, ne s'émeut pas, et n'apprend pas grand-chose non plus.
A quoi sert un livre? A emporter le lecteur, par exemple. Comme, jadis, "Le grand jeu des courages de l'ours en Alaska", du même Xavier Deutsch, qu'on avait adoré. "Une belle histoire d'amour..." est en réalité un polar. L'enjeu: retrouver l'auteur. Où est passé Xavier Deutsch? Déjà plongé dans le prochain roman, qui sera meilleur, espérons-le.
Commentaire de la libraire : ce roman, je l'ai moi-même chroniqué il y a quelques temps et, si vous retournez en arrière sur le blog, vous verrez qu'il m'a plu. Comme un bonbon. Pas un chef-d'oeuvre mais un bon moment.

Les albums : pour enfants ?

Hier soir (comme presque tous les soirs), j'ai lu avec mes enfants les nouveautés arrivées à la librairie. Pas vraiment de coup de coeur mais surtout une question qui me titille depuis un moment : ces albums sont-ils vraiment pour les enfants ? La rupture, la prison, le rôle des hommes et des femmes dans la société, le travail,... Sont-ce des sujets pour nos bambins ? Ne sommes-nous pas, à travers ce type de livres, en train de transposer nos angoisses sur nos petiots ? N'est-ce pas plutôt à nous qu'ils s'adressent et parlent ?

mardi 14 septembre 2010

Ouragan, L.Gaudé, Actes Sud


Rappelez-vous, l'ouragan « Katrina », 2005, la Nouvelle Orléans, le Mississipi, les bayous, l'évacuation, les inondations, les digues qui cèdent... On suivait les infos à l'époque. Certains sont restés : les noirs, les laissés-pour-compte qui tenteront de s'en sortir, de survivre... ! Il y a Joséphine Linc Steelson qui répète comme une mélopée qu'elle est une négresse noire presque centenaire, un roc indestructible. Il y a un prêtre qui doute, un homme brisé, une mère célibataire, des prisonniers évadés, un négrillon... et c'est comme une caméra qui filme les uns et les autres, comme pour un reportage, ces gens qui n'ont pas voulu, pu, su échapper aux conséquences du cyclone.
Des phrases courtes, un style saccadé, des personnages auxquels on ne s'attache pas ou desquels on se détache au fur et à mesure du récit. Je m'attendais à un ouragan, mais ce n'était que du vent. Moins de deux cents pages qui m'ont paru longues, mais longues... ! Ce n'est que mon avis... peut-être l'avenir criera au prodige, au chef-d'oeuvre ... ! On n'est pas le Goncourt chaque année ! Moi, j'ai terminé ma lecture en diagonale !
Commentaire de la libraire : si vous faites des fouilles sur le blog, vous trouverez mon commentaire nettement moins sévère que celui de Léo. Même si je n'ai pas fait de ce roman un Coup de coeur de la Rentrée, je l'ai plutôt bien apprécié.

vendredi 10 septembre 2010

Derrière le mur, E.Valentin et I.Carrier, Alice J


Evidemment, le sujet est difficile mais le livre est tellement beau que je me dois de vous en parler. Isabelle Carrier (encore elle. Et j'en redemande !) au dessin et Elsa Valentin au texte pour un album magnifique sur l'emprisonnement. Bravo !!!
(finalement, il n'aura pas fallu longtemps pour que je trouve un bel album...)

La vie juste à côté, A.Mulpas et M.Pourchet, Sarbacane


Texte et illustrations en adéquation parfaite pour cet album qui montre aux enfants que la vie n'est pas toujours droit devant, mais parfois à côté. C'est beau, beau, beau... Mais est-ce vraiment pour les enfants ?

L'effet Larsen, D.Bertholon, Lattès


Ayant été plutôt bluffée par Twist (son précédent roman), j'aurais aimé me plaire dans L'effet Larsen. Malheureusement, je me suis enlisée dans une histoire de passage à l'âge adulte brutale mais ennuyeuse. Roman manquant de maturité et d'émotion, aux figures de style lourdes et trop nombreuses, tournant (en rond) autour du champ lexical de l'oreille.
Désolée

Noir Océan, S.Mani, Gallimard


Avec « Noir Océan », on plonge dans un thriller maritime au long cours, on tangue durant presque 500 pages dans des vagues de rebondissements : tempête dehors, tempête à bord. Neuf hommes dans l'espace confiné de ce cargo. Huis clos en plein atlantique déchaîné : certains ont des comptes à régler ou à rendre, d'autres ont les mains sales ou le cœur à la dérive.
Si le cargo essuie une mer agitée, le hurlement des vents et une houle tempétueuse aux vagues déferlantes, à l'intérieur on sent l'odeur du mazout, le fracas des machines mêlé à celui du vent mais on ressent surtout en son sein un relent de mutinerie et de sabotage. Que vont faire les neuf marins sans GPS, sans radar, sans radio dans cet océan hostile. Le récit est noir tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, il n'y a aucune lueur d'espoir... même pas à la dernière page.
Captivant et original, c'est un roman très viril dont on débarque avec soulagement tant l'atmosphère est oppressante!

jeudi 9 septembre 2010

Bououououhhh !!!

Hier, je suis rentrée avec, sous le bras, quelques livres pour enfants prometteurs et, sur le visage, le sourire d'une maman qui pensait passer un futur bon moment de lecture avec ses enfants.
Deux heures plus tard, la déconfiture : pas un seul qui ne méritât (?) mon commentaire.
Dommage...

mercredi 8 septembre 2010

Un nouveau venu

Client que je suis parvenue à tutoyer après un long travail sur moi-même, Bernard est un gros lecteur qui, via mon blog, va dès à présent partager ses lectures avec nous. Voici ses trois premières chroniques.
- Le Grand Loin, P.Garnier, Zulma : de lui ou de sa fille, on ne sait lequel a le plus sa place dans un hôpital psychiatrique. Anne est rude, revêche et semble dénuée d'affect, "...femme d'action, elle agissait d'abord et pensait après, si jamais elle pensait". Mais Marc, si placide qu'on lui botterait complaisamment l'arrière-train, ne fait guère mieux en négligeant son rôle d'éducateur et en laissant sa compagne sans nouvelle : "Chloé... Il composa son numéro sur le portable et laissa sonner une dizaine de fois avant de couper. Evidemment, elle ne pouvait pas lui répondre puisqu'elle ne faisait plus partie de l'histoire. Il aurait dû filer, la veille, comme la porte à tambour de l'hôtel l'y invitait alors qu'il se rendait à l'accueil. A présent, des liens s'étaient tissés, des liens qui commençaient à le ligoter lentement mais sûrement à un destin qui ne lui appartenait plus". Pascal Garnier, ardéchois d'adoption, écrit, d'un humour noir non grinçant, privilégiant un choix de mots légèrement emprunté mais fluide, dans un roman court parfois irritant - où le héros subit plus qu'il n'agit -, le récit d'une escapade peu sensée où les choses, si elles tournent, le font plutôt mal. L'affaire finit quand même par s'emballer (Anne tranche le doigt infecté de son père et le cautérise à l'allume-cigare du camping-car que Marc vient d'acquérir) et le final vaut son pesant de cacahètes - épisodes qui rapprochent, les personnages entre eux et le lecteur de l'auteur.
- L'art de pleurer en choeur, E.Jepsen, S.Wespieser : La société rurale fermée sur elle-même qu'il décrit dans ce livre surprenant - le premier des trois romans d'E.Jepsen à se voir traduit en français - étonne, émeut et effraie tout à la fois. S'appuyant sur la candeur des onze ans de l'enfant-narrateur, Jepsen cultive l'art de qui n'a pas l'air d'y toucher pour approcher le lecteur de l'âpre réalité sociale des campagnes danoises des années 60, rendant tangible ce qu'elle a de sordide à travers le saugrenu du discours d'un gamin admiratif, conservateur et audacieux. Qui n'a d'autre choix que faire ce qu'on attend de celui qui est là pour maintenir la famille à flot, aiguiller le destin dans sa tâche et, en somme, régler tous ces problèmes en souffrance qui font le quotidien d'un père épicier préoccupé de reconnaissance sociale, commerciale ou politique, d'une mère affairée à ne pas voir, ne pas entendre, d'un grand frère aux études à même de fesser le père si nécessaire - c'est le cas - et d'une soeur entre les deux, au rôle si ambivalent que tremblements incessants et "nerfs psychiques" sont ses seuls refuges. "Quand on se suicide chez nous, c'est en général en se tirant un coup de fusil de chasse. Ce n'est pas donné à tout le monde, car ce n'est pas si facile que ça ; je vais vous expliquer comment il faut faire. C'est mon père qui me l'a appris. On s'assied avec son fusil, la crosse posée sur le sol et le canon dans la bouche. Il faut bien faire attention que l'axe du tir soit vers le cerveau. Après, il faut enlever une chaussette. C'est très important, comme on ne peut pas appuyer sur la détente avec le doigt, on est obligé de se servir de son gros orteil." Le ton et la leçon sont donnés, pour trois cents pages délicieuses où l'humour de Jepsen, s'il est grinçant et renvoie parfois au finlandais Arto Paasilina, s'avère ciselé, usiné, ses bavures parfaitement limées et au service d'une trame limpide où sont ordinaires la mort, la vie, le supermarché, l'inceste ou la folie. Un plaisir.
- Les Anges de l'univers, E.M.Gudmundsson, Flammarion : C'est un monde cruel que décrit, avec la cruauté froide et distanciée de qui n'est qu'à temps partiel dans la réalité, Gudmundsson dans ce roman plutôt bref - le quatrième -, tout en phrases concises, à la succession parfois décousue, dont le personnage principal (Paul Olafsson), transite à la frontière entre sains et malades. Bien plus souvent du côté malades, même quand il ne réside pas à Kleppur, l'hôpital psychiatrique qui se dresse, tel un immense château, près de la mer et où le psychiatre Brynjolfur "a l'air d'en avoir lourd sur la patate". Poète, romancier et scénariste, Gudmundsson commet, avec Les Anges de l'univers, un roman de fous qui en dit autant sur l'univers des normaux du Reykjavik d'aujourd'hui que sur ses malades mentaux. Son style, tout en tableaux qui se succèdent et dont certains voguent au travers d'un ésotérisme heureusement court et parfois rebutant, s'affine - ou plutôt s'ingère avec plus de tolérance - au fur et à mesure de la lecture, d'abord déstabilisée par ce qui semble un manque de cohérence, à quoi il faut se laisser prendre pour mieux lâcher prise et se laisser aller à la poésie de la narration, car "les poètes peuvent écrire des choses comme ça".
Commentaire de la libraire : Bernard est psy et cela se voit mais rassurez-vous il est très sympa et a des choix étonnants en lecture.

La parenthèse, E.Durand, Delcourt


Vers la fin de ses études, Elodie commence à perdre la mémoire. Pendant plusieurs années, elle s'enfonce dans le sommeil, le vide, le rien. Le temps s'arrête. Que lui arrive-t-il? Où est-elle? Qui est-elle? Quel jour sommes-nous? Une maladie lui ronge le cerveau et la mange de l'intérieur, mais c'est comme un gros rhume, ça va passer...
Elodie Durand réussit à nous faire vivre de l'intérieur les souffrances de l'épilepsie et d'une lente progression vers le noir absolu de la perte de repères, de la perte de soi. Un album autobiographique qui touche par sa justesse, sa force, sa lucidité et son authenticité, sur le fil tendu entre une fragilité vertigineuse et une sérénité qui se construit.
Ce journal écrit à la première personne et adressé à la mère de la narratrice tend la main au lecteur. Il pourrait ne pas se sentir concerné par cette histoire très particulière, mais c'est tout le contraire qui se produit. Car ce parcours éminemment personnel touche à l'universel.
Un très beau témoignage en images servi par un excellent travail graphique en noir et blanc sur deux époques (intégration d'anciens dessins de l'auteur) qui parle de la maladie, de la mémoire, de la souffrance, du rapport aux autres et à soi, de la vie. Bouleversant.

samedi 4 septembre 2010

Exposition à la librairie


Du 7 septembre au 6 octobre, Laurence Gonry va embellir la librairie de son univers ludique et coloré. Des gravures, des stickers et de la couture pour égayer la vitrine et les murs du magasin.
Venez nombreuses et nombreux découvrir son travail.

vendredi 3 septembre 2010

Délivrez-nous du mal, R.Sardou, XO ou Pocket


Fin XIII° s, dans le Quercy, une troupe d'hommes en noir embroche un enfant et en enlève un autre. Le prêtre du village va suivre leur trace pour retrouver l'enfant.
Au même moment, à Rome, Bénédict Gui, enquêteur célèbre, accepte de retrouver un jeune homme employé par une administration vaticane et qui a disparu également. Des prélats et des cardinaux assassinés, des livres de comptes codés, des enlèvements d'enfants, des forfaitures et des magouilles politico-religieuses dans la Curie romaine, cynique et démesurée... tissent l'intrigue de ce récit historico-romanesque. Le style est fluide et le rythme est soutenu grâce aux très nombreux rebondissements détonants. Il n'est pas toujours aisé de suivre les raisonnements de Benedict mais la fin est carrément surprenante. J'ai apprécié.

Le fleuve secret, K.Grenville, Métailié


Coup de cœur de Léo.
Né pauvre à Londres, William Thornill, après une enfance digne des romans de Dickens, devient batelier sur la Tamise et épouse la jolie et agréable Sal. Pris la main dans le sac lors d'une tentative de vol de bois exotique, Will est condamné à la pendaison. Grâce à l'acharnement de son épouse Sal, sa peine est commuée en détention à perpétuité aux Nouvelles-Galles du sud (Australie, Sydney). Sal et leur fils font partie du voyage. Redevenant un homme libre après cinq ans, il va s'installer au bord du fleuve au milieu de la forêt sauvage. Arrive alors la confrontation de deux mondes diamétralement opposés : celui du colon qui s'approprie légalement une terre sauvage pour l'exploiter en famille et celui de l'aborigène qui se sent spolié d'une partie de sa terre et de celle de ses ancêtres. Will et Sal sont des personnages forts, tenaces, attachants, qui se soutiennent dans toutes leurs épreuves. Le ton est juste, la tension narrative est constante et soutenue avec des passages très durs auxquels le lecteur ne peut pas rester insensible. De plus, l'auteure ne juge ni les personnages ni les actes des uns et des autres; elle laisse ce soin aux lecteurs et il y a là matière à réflexion sur le thème de la colonisation.

En route pour le Pôle Sud, E.Watanabe, Albin Michel J


Anoki, le pingouin, part en vacances avec ses parents. Quelques pages solides, en pop up, des questions à chaque page jusqu'à leur arrivée au Pôle Sud. Un pur bonheur pour les petits (et la grande que je suis).

Le pestacle, Y.Green, Didier J


Occupations tant aimées des enfants : jouer à la marchande et faire des 'pestacles'. Ici, si joliment mises en image par Ilya Green.

La lune, un jour, nous y marcherons!!, Mouchakaka T2, Bebb, Nomad


Le pipi-caca, cela m'a toujours fait rire. Ici, c'est du caca-caca. Et cela me fait encore rire. Une BD humour 'pure toilette' bien torchée (hi hi hi).

Omni-visibilis, M.Bonhomme et L.Trondheim, Dupuis


Cette BD, je n'ai rien à vous en dire puisque je ne l'ai pas lue. Je voulais toutefois vous la présenter car Fabien l'a trouvée excellente (peut-être trouvera-t-il un moment dans sa rentrée des classes pour la chroniquer - ou moi pour la lire -) et qu'elle a reçue la cote 'must' dans le dBD. Une toute bonne manifestement.

mercredi 1 septembre 2010

L'énigme du retour, D.Laferrière, Grasset


Livre choisi pour la prochaine Soirée littéraire (cfr. Annonce), j'ai fait mon devoir en lisant ce roman. Malgré un sujet ô combien sensible et triste, je n'ai pas été touchée par le retour de cet écrivain haïtien au pays natal. Quelques phrases très belles cependant à épingler dans un coin de sa mémoire !