Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

jeudi 30 août 2012

Prince d'orchestre, M.Arditi, Actes Sud


Pour ceux qui avaient aimé Loin des bras (2009), ils seront (comme moi) réjouis de retrouver cette helvétique snobinardise que Metin Arditi sait si bien décrire et décrier. A travers la chute d’un chef-d’orchestre, Metin Arditi nous tend un miroir dans lequel nous contemplons notre propre désir de reconnaissance. Vanité des vanités, tout est vanité.
Seul reproche à ce très bon roman, le manque cruel d’empathie pour le héros. Le lecteur a donc bien des difficultés à faire corps avec lui. Mais était-il possible de l’écrire autrement? pas sûr...

Rue des voleurs, M.Enard, Actes Sud

J’avais adoré Parle leur de batailles, de rois et d’éléphants (prix Goncourt des lycéens 2010) et je suis tout aussi emballé par Rue des voleurs. Ils sont rares les écrivains qui nous font entendre les bruits du monde ... du frémissement à l’explosion.
C’est tout autant le regard que la plume de Mathias Enard qui font de ce roman une chronique de nos luttes contemporaines.


L'embellie, A.A.Olafsdottir, Zulma

Doublement enthousiaste sur ce roman car j'avais vraiment apprécié son précédent (Rosa candida) et que le résumé de cette nouvelle histoire était vraiment alléchant, j'ai choisi celui-ci plutôt que le nouveau roman d'Olivier Adam. 
Et je n'en regrette pas la lecture, loin de là, même si j'ai parfois perdu le fil, égarée par le personnage principal, intéressant et farfelu.
Une femme fraîchement quittée par son mari va partir vers l'Est de l'Islande, accompagnée du fils presque sourd et malvoyant de son amie. Une étrange équipée pour une route pas tellement longue mais très lente, semée d'embuches, d'aventures fantasques et de rencontres masculines.
Une très belle histoire, peut-être à lire au coin du feu. Mais pas encore mon coup de coeur. 

Arab jazz, K.Miské, V.Hamy


Dans Paris, le 19ème, à la population très cosmopolite où tout semble se dérouler normalement, une jeune hôtesse de l’air est découverte morte affreusement mutilée sur son balcon. Ahmed, son voisin du dessous, craint d’être le suspect n°1 puisqu’il a les clés de l’appartement de sa voisine. Les lieutenants Rachel Kupferstein, la juive flamboyante, et Jean Hamerlot le Breton, un duo très complice, seront chargés de l’affaire… ! 
Une intrique extrêmement bien tissée, un style agréable dans une langue épurée et recherchée, des personnages bien typés : musulmans salafistes, juifs hassidiques, témoins de Yéhova, flics ripous/x… font de ce « Arab Jazz » un 1er roman très réussi, loin des polars industriels anglo-américains et des auteurs nordiques. Une très agréable découverte qui demande une suite.

La formule de Dieu : l'énigme d'Einstein, J.R.dos Santo, HC

Thomas Noronha, historien cryptologue portugais, rencontre au Caire une jolie scientifique iranienne qui le convainc de décoder un manuscrit d’Einstein « Die Gottesformel », la « Formule de Dieu », mais la CIA va y ajouter son grain de sel. L’intrigue est très mince et n’occupe finalement qu’un quart du roman. Le reste est prétexte à des leçons d’astrologie, de thermodynamique, de physique quantique, de métaphysique et de philosophies orientales. 
Il faut reconnaître que l’auteur est un excellent vulgarisateur pour expliquer les systèmes, les lois, les théories, les principes, les croyances… qui régissent la création (Big-Bang), l’organisation, l’expansion et le destin de l’univers. 
Dieu existe-t-il vraiment ? et si oui, comment le prouver scientifiquement ? Tel est le défi d’Einstein. Malgré les très longs dialogues scientifiques et métaphysiques et une intrigue très mince, on s’accroche au roman et on s’interroge, comme les différents personnages, sur le rôle de l’homme dans l’univers, le déterminisme, le fatalisme, le hasard et la nécessité. 
Sans être, comme annoncé en 4ème de couverture, une enquête à couper le souffle, c’est un roman très intéressant qui tente de remettre certaines choses en place. A conseiller vivement aux lecteurs à l’esprit scientifique ! En tout cas, moi le littéraire, il m’a fait réfléchir !

mardi 21 août 2012

La femme au masque de chair, D.Leon, Calmann-Lévy


Donna Leon reste Donna Leon et on n’est pas déçu par cette énième enquête de son commissaire Brunetti. On retrouve évidemment avec plaisir tous les personnages principaux des enquêtes précédentes et tous les côtés positifs et négatifs de la Sérénissime. 
 travers son quotidien de commissaire, notre cher Guido va devoir enquêter sur un trafic de déchets toxiques organisé par la mafia avec l’aide de certains financiers vénitiens et mouiller sa chemise dans des expéditions aux odeurs quelque peu sulfureuses. Un entracte agréable dans mes lectures.
 

La tristesse du samouraï, V.Del Arbol, Actes Sud

  « D’une certaine façon, les enfants paient pour les crimes commis par leurs enfants. » et « Nous éprouvons parfois le besoin de réparer le mal que d’autres ont commis et de nous débarrasser d’un poids que nous supportons injustement » tel est en quelque sorte le message qu’on peut retenir de ce roman à l’intrigue complexe : une espèce de saga familiale qui se déroule dans l’Espagne du Front populaire de 1941 à celle de la tentative de coup d’état de 1981. 
Les va-et-vient dans le passé et le présent de trois familles et de personnages satellites rendent, certes, la lecture difficile parce que ce n’est que progressivement que l’on comprend comment tous ces destins s’imbriquent… mais la complexité du récit n’enlève rien au plaisir de lire et l’exacerbe plutôt. 
Original et efficace !

samedi 18 août 2012

Un repas en hiver, H.Mingarelli, Stock

Il fait froid, très froid. C'est l'hiver. Et la guerre. En Pologne. 3 Allemands, un Juif et un Polonais se retrouvent dans une maison abandonnée. Vont y brûler ce qu'ils trouvent. Cuisiner le peu qu'ils ont. Partager un repas. Ainsi que leurs souffrances...

vendredi 17 août 2012

Le pacte, L.Kepler, Actes Sud

Sous le pseudo de Kepler se cache un couple d'écrivains suédois : Alexandra et Alexander Abnoril. Et comme il y en a plus dans deux têtes que dans une, ils nous offrent un polar intense au rythme soutenu, à la tension permanente, au suspens haletant. Impossible de mettre sur « pause » parce qu'il n'y en a pas. 
L'intrigue, difficile à présenter tant les actions s'enchaînent, est extrêmement ciselée, finement amenée dans une cadence effrénée : corruption, marchands d'armes, génocide du Darfour, hauts fonctionnaires véreux, tueur à gage, faiblesses humaines, sur un fond musical classique. On a envie de réécouter Tzigane de Ravel et les oeuvres de Paganini interprétées sur des Stradivarius et des Amati. Un vrai régal ! Un nectar de polar !

jeudi 16 août 2012

Pour seul cortège, L.Gaudé, Actes Sud

Un nouveau Gaudé pour la Rentrée ! Youpi ! Sauf que celui-ci m'a laissée indifférente de bout en bout. Alexandre le Grand est mort. Que va-t-on faire de sa dépouille ? Que va devenir l'empire ?
Je ne connaissais rien du sujet avant de commencer la lecture de ce roman, je n'en sais pas plus une fois terminé.

Avant la fin, L.Jensen, Seuil

Suffocant de bout en bout ! Imaginez Bethany, une ado psychotique matricide internée dans un centre psychiatrique pour ados violents et qui « aurait » le don de prévoir les catastrophes naturelles mais que personne ne veut écouter ; une psychothérapeute paralysée, en chaise roulante, encore traumatisée par son accident de voiture, chargée de s'occuper de l'ado en question ; un physicien qui accepte de croire aux prophéties catastrophiques de l'ado névrosée ; des sectes millénaristes et ça donne un roman paracatastrophologique, eschatologique, apocalyptique ! 
Cette intrigue solide, savamment échafaudée, mêle sentiments, émotions, sciences et questions sur l'avenir de la planète sans tomber dans un sabir ni écologique, ni scientifique, ni psychanalytique, juste ce qu'il faut ! 
Tout simplement passionnant. A quand le prochain Liz Jensen ?

samedi 11 août 2012

Petite Poucette, M.Serres, Le Pommier

Qu'a donc voulu écrire Michel Serres ? Un petit manifeste pour nous dire quoi ? Que les nouvelles générations dotées de pouces ultra rapides nous annoncent un avenir formidable, où le savoir ne se transmettrait plus mais viendrait de lui-même par le biais des nouvelles technologies ? Que l'avis de tout un chacun vaudrait autant que l'avis d'un expert en sa matière ? Avec une conclusion à laquelle je n'ai rien compris...
Je serais ravie de pouvoir échanger avec lui sur ce livre.

Les choix secrets, H.Bel, Lattès

Marie est une vieille femme. Epouvantable ! Radine ! Méchante ! Plaintive ! Détestable et pourtant pas détestée, ni de son mari, ni de son fils. Un personnage que je n'ai pas aimé pour toutes ces raisons mais un livre que j'ai lu d'une traite, fascinée par une femme que je souhaiterais ne pas voir exister en chair et en os.

L'évadé de Wan Chai, I.Hamilton, 10/18


Tout démarre à Toronto. Ava Lee, 30 ans, sino-canadienne, est experte en fraudes financières. Elle est commanditée par « l'oncle » chinois pour recouvrer des sommes « perdues » par des financiers ou de gros entrepreneurs un peu trop naïfs. Tous les moyens sont bons pour Ava Lee d'arriver à ses fins : charme, intimidation, chantage, techniques informatiques, boxe thaïlandaise, drogue. De Toronto, on part pour Hong-Kong, Bangkok, le Guyana, les Iles Vierges. Ava Lee est un nouveau personnage du polar actuel et semble être l'égérie de son auteur. (J'ai cru comprendre qu'il s'agit du premier épisode, traduit en français, d'une série qui en comprendrait quatre pour le moment.) 
L'art d'Hamilton est de nous plonger dans les magouilles financières sans noyer le lecteur dans les arcanes du monde de la finance. Ava Lee est un personnage sympathique et attachant et on attend la suite avec impatience. Mais qui est « l'évadé de Wan Chai » ? L'oncle chinois qui a quitté la Chine à la nage ? Intrigue originale (sans tomber encore une fois dans les Triades !) et une Ava Lee dont on connaît à présent les moindres goûts vestimentaires et culinaires et qui ne connaît aucun problème financier. 
Découverte et lecture très agréables !
Commentaire de la libraire : déjà lu, approuvé et commenté par moi.

mardi 7 août 2012

La fille de l'hiver, E.Ivey, Fleuve Noir


D'un abord froid sur fond de neige et de glace, on se retrouve progressivement envoûté par la nature sauvage des paysages et des personnages. Il y a Mabel et Jack, la cinquantaine, couple en mal d'enfant qui a choisi de refaire sa vie en Alaska. D'un bonhomme de neige naît une fille de l'hiver, une princesse des neiges. Le récit est fait de peines, d'attentes, d'émotions, de sentiments, de courage, de détermination, de solidarité et d'espoir. 
L'auteure, en revisitant le conte russe de « Snegourotchka », nous entraîne tantôt dans le merveilleux et tantôt dans la dure réalité des choses de la vie. Il est de ces livres que l'on est heureux d'avoir lu. « Il prit la main de Mabel dans la sienne et, quand elle se tourna vers lui, il lut dans son regard le bonheur et le chagrin de toute une vie. »
Attendrissant !

Le monastère oublié, S.Berry, Le Cherche Midi

Une nouvelle aventure de Cotton Malone, le héros cher à Berry, où on retrouve également Cassiopée Vitt, Viktor Tomas, Stéphanie Nelle et comparses. Le scénario est « couru » d'avance et la recette est tellement usée qu'elle finit pas lasser. Les chinoiseries de ce roman ne sont pas parvenues à faire bouillir l'eau de mon thé. A lire quand on est très fatigué !