Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

samedi 24 août 2013

Jolie carte postale de Notre rentrée littéraire...

Voici quelques uns de nos coups de coeur. Les pointillés pour que chacun et chacune (vous et nous) complète à sa guise.

Manger, M.O.Beauvais, Fayard

Il y a à boire et à manger dans ce récit sans histoire mais fait de petites histoires familiales et amicales entre deux plats ! C'est souvent à table, lors de repas entre amis ou en famille, que les relations s'expriment : les souvenirs, l'amitié, les rancoeurs, les reproches, les regrets, les réconciliations, les goûts, les couleurs, les idées, les potins, les critiques. A travers le personnage de Margot, le style de Beauvais est piquant et aillé, les propos sont acerbes et les phrases assassines, les conversations tantôt acides, amères, et venimeuses et tantôt aigres-douces, les situations paroxistiques. On devrait se taire en mangeant pour savourer la terrine de lapin à la gelée blonde, à l'huile de noisette et à la moutarde royale ou encore le chapon demi-deuil à la farce truffée et ne dire que des choses gentilles entre les plats, entre fromage et dessert. Verbiage plaisant.

mardi 20 août 2013

La confrérie des chasseurs de livres, R.Jérusalmy, Actes Sud


Couverture et titre ne pouvaient que titiller le bibliophile que je pense être, encore fallait-il que le ramage se rapporte au plumage. Nous sommes à l'époque de Louis XI et de François Villon, poète maudit et brigand notoire qui végète dans les geôles du roi. François est sauvé in extrémis du gibet qui l'attend par Guillaume Chartier, évêque de Paris, selon le bon souhait du roi. Louis XI, qui veut créer une bibliothèque de livres rares digne de la capitale, y fait venir imprimeurs et libraires juifs de Mayence pour s'y installer. Il envoie ensuite François et son ami coquillard Colin de Cayeux en mission en Terre sainte afin de ramener à Paris des textes anciens pour faciliter la circulation des livres et des idées progressistes réprouvés par Rome. On suit alors les aventures et les mésaventures des deux compères auprès de la « Confrérie juive des chasseurs de livres. » C'est avec un ramage très agréable que Jerusalmy nous plonge dans le XV° siècle, le quattrocento, et dans l'atmosphère des auteurs anciens et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on partage ainsi les tribulations de Messire François.

L'embellie, A.A.Olafsdottir, Zulma

Rosa Candida m'avait enchanté et c'est avec envie que j'ai ouvert enfin L'embellie. La narratrice, que son mari vient de quitter, lettrée, traductrice et correctrice, « hérite » pour un temps, de Tumi, le fils de 4 ans de son amie hospitalisée. Tumi est sourd, lunaire et très myope. Elle part alors pour une équipée en Islande avec son jeune ami. Une très belle histoire pleine de sentiments, d'émotions, d'humour, de rencontres, de regards et de réflexions sur la vie ! Une narration intime et très féminine à lire avec modération pour savourer l'écriture. Et puis pour pimenter le tout, une quarantaine de recettes bien islandaises. J'ai partagé ma lecture avec mon épouse et donc je le lui abandonnais pour le lui reprendre avec bonheur dès que je le pouvais ! A ajouter dans son menu de lectures d'automne et d'hiver devant une bonne flambée.

mercredi 14 août 2013

Génération A, D.Coupland et Manuel de survie à l'usage des incapables, T.Gunzig, Au Diable Vauvert

Futurs proches

Deux romans qui parlent de nous et des systèmes écologiques, économiques, idéologiques, ... dans lesquels nous nous inscrivons ou dans lesquels nous serons amenés à évoluer. Ici, pas de prétentions stylistiques mais une efficacité de l’histoire qui utilise les ressorts de l’écriture sérielle : chapitres courts et vifs, personnages typés et attachants, situations cocasses et enlevées, ... Pourtant, en filigrane, ces deux romans parlent des mutations possibles (probables) d’une civilisation ... la nôtre. Deux auteurs, l’un Canadien l’autre Belge, qui réalisent le crossover entre Jules Verne, Bob Morane et Quentin Tarantino.

mardi 13 août 2013

La prophétie de l'abeille, K.Higashino, Actes Sud

Après Un café maison, Higashino nous sert une autre tasse de thé ! Un gros prototype d'hélicoptère disparaît d'un hangar du complexe Nishiki Heavy Industries. L'appareil a été piraté et télécommandé par un maître chanteur et l'hélico se met en vol stationnaire au-dessus de la centrale nucléaire de Shinyo. A bord un enfant qui n'aurait pas dû s'y trouver. La prophétie de l'abeille est un polar original et prémonitoire paru en 1998 au Japon, 13 ans avant la catastrophe nucléaire de Fukushima suite à un séisme et à un tsunami en 2011. Si l'on excepte le long discours de chimie et de physique nucléaires, la description des systèmes de sécurité des centrales et le petit cours de radio-téléguidage, alors on entre dans une intrigue joliment tournée avec des moments de suspens très forts. Le polar/thriller d'Higashino fait en tout cas réfléchir sur l'utilité mais surtout sur les dangers de l'utilisation de l'énergie nucléaire. Très prenant !

Danse noire, N.Huston, Actes Sud

Roman difficile d'accès tant au niveau de l'écriture que du (ou des) sujet. Et pourtant, j'ai lu cette histoire jusqu'au bout, avec concentration et intérêt. Cru parfois, direct constamment, le nouveau roman de Nancy Huston bouscule et ne laisse pas indifférent.

Tel Aviv suspects, L.Shoham, Les Escales


Viol d'une jeune-fille dans un quartier calme de Tel Aviv : la police et plus particulièrement Elie Nahoum vont enquêter sans indices, sans suspects, sans témoins ! L'enquête piétine mais le père de la victime à l'affût aperçoit un rôdeur dans la rue de sa fille et permet l'arrestation d'un suspect qui ressemble étrangement au portrait du violeur. Arrestation ! C'est alors un savant mélange de droits policiers, de justice, de médias, de mafia, de menaces, de compromis et de compromissions. Sans être originale, parce qu'elle aurait pu se passer n'importe où, l'intrigue est prenante. Très bon polar !

mercredi 7 août 2013

Moscou Babylone, O.Matthews, Les Escales


En 1995, Roman Lambert, de père écossais et de mère russe, décide de quitter Londres et son petit boulot pour travailler à Moscou. A travers la vie, les aventures, les expériences, les amours, les rencontres, la métamorphose de son personnage, Matthews nous offre une fresque réaliste, presque un reportage, de Moscou et de la Russie actuels. Le pouvoir amène l'argent, ou est-ce l'inverse ? et les deux mènent au sexe. 
J'ai passé trois séjours en 2002/2003 en Ukraine pour y enseigner le français et pas en touriste, je vivais chez l'habitant et je partageais le quotidien de gens simples. Hormis la drogue, la prostitution, les oligarques et la politique auxquels je n'ai pas été confronté, je puis affirmer que le récit de Matthews est loin d'être une caricature et je confirme ce qu'il avance. Mes amis ukrainiens disent qu'un Occidental ne peut pas comprendre ni rentrer dans l'esprit russe et ils ont raison. L'épilogue « Moscou, mars 2013 » est particulièrement édifiant. J'ai beaucoup aimé !

Parabole du failli, L.Trouillot, Actes Sud

De Lyonel Trouillot, j'avais déjà lu et aimé La belle amour humaine (sortie en Babel fin août) et Le doux parfum des temps à venir. Je poursuis avec ce nouveau roman à paraître pour la Rentrée littéraire de septembre.
Un homme est tombé du douzième étage d'un immeuble parisien. Ses deux amis, restés au pays (Haïti), racontent. Parlent de lui. D'eux. Du pays.
Comme dans ces deux livres précédents, un hymne à la vie, l'amour, la poésie, malgré la dureté du contexte. Celui-ci et les autres, à lire sans modération !!!

lundi 5 août 2013

Kinderzimmer, V.Goby, Actes Sud

Des larmes sèches ont plusieurs fois coulé de mes yeux. Puis-je exprimer comme cela ce que j'ai ressenti en lisant ce roman ? Un texte sur les camps. Une femme qui va y mettre au monde un enfant. L'horreur. Ne jamais cesser de se souvenir, de rappeler l'indicible !

samedi 3 août 2013

Une part de ciel, C.Gallay, Actes Sud

Parce que la couverture est magnifique et que c'est le plus gros roman de la rentrée littéraire française chez Actes Sud, j'ai choisi de commencer mes lectures par celui-ci.
Bien qu'il m'ait fallu un nombre assez considérable de pages pour être dans l'histoire, j'ai aimé ce roman.
Un frère et deux soeurs sont convoqués par leur père car il revient au village natal. Ils l'attendent. Et nous l'attendons avec eux. Leur histoire, leurs histoires se révèlent alors. Il ne se passe rien. En apparence seulement.

Le gardien de phare, C.Läckberg, Actes Sud

La fin de La sirène laissait le lecteur sur sa faim : Patrick entrait en urgence à l'hôpital pour crise cardiaque ; Erica et Anna, toutes deux enceintes, se prenaient une collision frontale. Ouf ! tout le monde s'en est sorti et on a le plaisir de retrouver tous les personnages de la « saga » qui font dorénavant un peu partie de la famille du lecteur. L'art de Läckberg réside dans un savant mélange de vies privées (et de privés de vie), de vies professionnelles et de problèmes de société. Le rythme créé par des épisodes courts qui mettent en appétit et l'intrigue finement élaborée font que l'on ne peut lâcher le roman. Ce 7ème volet tourne autour des femmes battues, d'escroquerie, de perte d?enfant, de déni. Quand on ouvre un Läckberg, on sait qu'on ne sera pas déçu et on attend déjà le suivant parce qu'il y a un truc qui doit encore être élucidé. Que du plaisir de lire !