Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mercredi 30 octobre 2013

Silo, H.Howey, Actes Sud

J’avais besoin d’un livre comme Silo — qui inaugure une nouvelle collection de science-fiction chez Actes sud – pour me remettre dans un rythme de lecture qui fait qu’on n’a pas envie de lâcher ni l’histoire ni les personnages. 
Toute la première partie de ce récit post-apocalyptique est adroitement construite. Le travail sur l’horizontalité et la verticalité est réellement envoûtant. Par la suite, l’histoire évolue vers davantage d’actions et n’exploite pas ce qui avait été si habilement mis en place. L’intérêt du lecteur tient davantage dans la vérification de ses hypothèses de lecture que par de véritables surprises.
Si vous me sentez un peu retenu dans ce commentaire, c’est que j’éprouve un certain malaise quant au processus d’écriture de ce livre.Vous n’êtes pas sans savoir ma profonde aversion pour Amazon. Il me semble donc contradictoire qu’un auteur qui s’intéresse à travers son récit au mode de gouvernement, au mensonge, à l’aliénation des masses, ... choisisse d’auto-publier son récit sur Amazon, entreprise qui applique les méthodes qui sont précisément dénoncées dans Silo : hyper-organisation, fragmentation des tâches, hiérarchie verticale, cohésion maintenue par la pression, manipulation et dissimulation de la vérité, ...
D’autres écrivains avant lui se sont égarés moralement mais dans ce cas précis il s’agit d’un paradoxe troublant que j’ai des difficultés à résoudre : Hugh Howey décrit les conséquences d’une apocalypse à laquelle il participe par son propre acte d’écriture. 

« Les gens qui ont fait ça étaient à la tête d’un pays puissant qui commençait à vaciller. Ils ont entrevu leur propre fin, et ça les a effrayés au point de vouloir ce suicide. À mesure que le temps passait, je parle de dizaines d’années hein, ils se sont dit qu’ils n’avaient qu’un seul moyen de se protéger, de préserver ce qu’ils estimaient être leur mode de vie. Et donc, avant de rater ce qui serait peut-être leur unique occasion, ils ont mis ce plan sur pied. » Hugh Howey, Silo, Actes sud, coll. Exofictions, 2013, p. 476

mardi 29 octobre 2013

Où va l'humanité ?, J.F.Mattei et I.Nizand, Les Liens qui Libèrent

Après avoir écouté les auteurs sur France Inter, dans l'émission 3D, ce dimanche 27 octobre, j'ai eu envie de lire leur livre. Si je me suis réjouie de voir résumée la pensée de Dany-Robert Dufour, j'ai trouvé le reste du texte un peu court et trop peu clair à mon goût. A lire de toute façon, ça fait toujours du bien !

Le chien qui louche, E.Davodeau, Futuropolis

Depuis 2005, le Musée du Louvre et les éditions Futuropolis demandent à un grand nom de la BD française de faire un album avec le Musée pour fond (ou sujet) de l'histoire. 2013, c'est Etienne Davodeau (celui des Ignorants, s'il est encore nécessaire de le préciser) qui s'y colle. Et c'est une très belle réussite. L'album est drôle, intelligent et touchant à la fois.
PS : si Le chien qui louche existe, mon mari est preneur !!!

La petite mort, D.Mourier, Delcourt

La Petite Mort, enfant de Papa Mort et Maman Mort, doit apprendre le métier. En même temps, il se fait un ami, tombe amoureux, reçoit un chat,... Cynique, drôle, méchant. En quelques cases, on pouffe, rit. Ou pas. Un concentré d'humour noir, voire très noir.

Le jardin de l'aveugle, N.Aslam, Seuil

Pakistan, près de la frontière afghane, peu après l'attentat terroriste des Towers du 11 septembre. Les américains et les Occidentaux ont envoyé leurs troupes pour éliminer les talibans et les fanatiques islamiques. Rohan, fondateur d'une école et ex professeur chassé par les islamistes, vit avec sa famille dans le souvenir de son épouse au milieu du jardin qu'elle a créé. C'est tantôt un récit profond, émouvant, plein de sagesse et d'humanité et tantôt un récit qui décrit les horreurs d'une guerre inhumaine mais cruel de vérité. Des personnages bousculés par le destin, une atmosphère pleine de couleurs et de senteurs, d'amour et de haine font que l'on ne peut se détacher de ce roman émouvant. Même si l'auteur précise que c'est une oeuvre de fiction, elle semble toutefois bien proche de la réalité. Très beau récit.

La confrérie des moines volants, M.Arditi, Grasset


1ère partie : 1937, Russie, l'ermite Nikodime Kirilenko du monastère de Saint-Eustache est rejoint par 11 autres moines qui ont échappé aux massacres des religieux. Les 12 forment alors « La confrérie des moines volants » qui fait voeu de voler les oeuvres et objets d'art des églises et monastères abandonnés pour les sauver de la destruction.
2ème partie : 2000, Mathias Marceau, photographe parisien, découvre dans un secrétaire dont il a hérité de son père, un curieux carnet, celui de Nikodime. Il va tout faire pour retrouver les oeuvres cachées par Nikodime. Si la 1ère partie m'a semblé longue et trop religieuse, j'ai trouvé la seconde palpitante. Très agréable à lire !
 

Le rire du grand blessé, C.Coulon, V.Hamy


Dans un cadre spatio-temporel indéfini mais dans un état totalitaire, des jeunes adultes ruraux postulent un emploi comme « agents » au « Service National ». C'est le cas de 1075 qui, après tests et épreuves physiques, est admis. Son rôle : contenir la foule rugissante et en délire lors des grandes manifestations de lecture publique ; sa 1ère obligation : rester analphabète. Durant une de ces manifestations, l'agent d'élite 1075 voit son mollet déchiqueté par un molosse gardien. Sa vie et son destin vont changer : ce sera l'hôpital et l'ennui jusqu'au jour où... D'un autre côté, il éveille la curiosité de la fameuse doctoresse Lucie Nox, une instigatrice du plan. 1075 est pour elle une énigme. Fable, allégorie, conte moderne ? Bizarre , étrange ! J'ai aimé l'écriture mais l'histoire ne m'a pas fait vibrer tout comme son personnage ne vibre pas d'ailleurs durant ses lectures clandestines. Je reste dubitatif ! « Plus la médaille brille, plus son revers est sombre ! »

La maison des chagrins, V.Del Arbol, Actes Sud


Et le ciel cria vengeance pour étancher le chagrin de chacun. Dans ce chassé-croisé de destins, telle une vendetta corse ou la loi juive du talion, les uns et les autres se cherchent, s'épient, se trouvent et s'assassinent. Chacun des personnages étale ses états d'âme, ses ressentiments et sa soif de vengeance. « A quoi sert la douleur, si on ne peut la partager avec celui qui te l'inflige ? Je ne suis pas là pour pardonner, Eduardo. J'ai besoin de comprendre, et j'ai besoin de haïr. (Gloria) ». « Nous ne pouvons pas tolérer que chacun se fasse justice dans son coin, par ses propres moyens. Cela sèmerait le chaos et la machine tout entière n'aurait plus besoin d'être. (Martina) »  Mais, chacun n'est pas toujours ce que l'on croit et le chaos fut ! Ni polar, ni thriller, juste un roman très noir et malgré quelques longueurs, je l'ai trouvé très interpellant. Un très bon moment à passer ! 

mercredi 23 octobre 2013

La dignité de penser, R.Gori, Babel

Après avoir consacré nombre d'heures à la lecture des romans de la Rentrée littéraire, j'avais besoin de me "farcir" un essai. J'avais également besoin de me rassurer, de me convaincre, de tenter de comprendre. La dignité de penser, un beau programme que j'ai - à mon échelle (regardez la couverture) - tenté de mettre en application en lisant cet ouvrage. Mais, il me reste encore bien du chemin...

mardi 22 octobre 2013

Confiteor, J.Cabré, Actes Sud

L'auteur a mis 8 ans à écrire ce livre. J'ai mis 3 semaines à le lire mais probablement qu'il ne me quittera jamais. Difficile à raconter tant il est vaste, intelligent, déroutant, brut et brutal, je n'ai qu'un conseil : lisez-le. Mais lisez-le bien. Prenez le temps, donnez-vous et donnez-lui le temps, la concentration et l'attention qu'il mérite.

samedi 5 octobre 2013

Les ombres, V.Zabus et Hippolyte, Phébus

L'exil, la clandestinité, la violence, la mort... A lire !

Manuel de survie à l'usage des incapables, T.Gunzig, Au Diable Vauvert


Un ou deux chapitres qui me semblent inutiles avant d'être plongé dans le destin de Jean-Jean, employé sécurité pour une grande surface dont le DRH veut filer un C4 à une caissière trop lente malgré ses 20 années de service et ça va tourner à la catastrophe. 
C'est aussi les agissements de 4 frères loubards/loups : blanc, gris, brun et noir ; une fratrie sans scrupules qui réussit l'attaque d'un fourgon blindé. A travers le récit, l'auteur parle de mercantilisation, de marketing, d'exploitation des travailleurs considérés comme du matériel humain. Les loubards/loups sont des OGM humains à l'ADN de loups qui agissent en meute de prédateurs. 
Mais, il y a aussi Marianne, l'épouse de Jean-Jean, dopée dès sa naissance au mamba vert et Blanche de Castille, la responsable sécurité, une loutre qui aime jouer. L'ensemble offre un univers fantaisiste, décalé, caricatural d'une société qui est une jungle moderne et futuriste sans toutefois s'éloigner de la réalité. 
C'est original, c'est plaisant, c'est récréatif.