Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

jeudi 31 mars 2011

La septième vague, D.Glattauer, Grasset


Un mois avant la sortie de Quand souffle le vent du Nord, je vous avais fait part de mon énorme enthousiasme au sujet de ce roman.
En surfant sur le Net pour trouver d'autres commentaires à son propos, j'avais vu que les lecteurs (ou plutôt lectrices) de la version originale avaient réclamé une suite, frustrés qu'ils étaient par la fin (bien à propos selon moi).
La septième vague est donc la suite : sur le même mode que le premier volume, un échange de mails durant tout le roman nous fait poursuivre les aventures d'Emmi et Léo. Vont-ils enfin se rencontrer et s'aimer ?
Beaucoup de blablas et de passages inutiles mais malgré tout du plaisir pour une lecture rapide et divertissante.

Souvenirs du Rif, M.Claise, Luce Wilquin


Le Rif marocain rime avec kif, cette résine de cannabis ou haschisch, plante cultivée de manière intensive dans la partie centrale du Rif, et qui dit « haschisch » dit trafic. C'est au démantèlement d'un gros « cartel » que vont s'atteler Alain Denayer et son équipe de la brigade des stups, aidés par Violaine Paquet de la criminalité financière et par l'incorruptible policier marocain Nasri Ben Azzouz.
« Souvenirs du Rif » tient autant du polar avec ses rebondissements habituels que du reportage. Le lecteur est au fait de toute l'organisation : du gros patron au petit dealer, de la culture, du transport, des passeurs, de la revente... et jusqu'au blanchiment d'argent et aux paradis fiscaux. Si le roman paraît un peu lent au départ, les événements vont se précipiter par la suite. (L'auteur, belge, est juge d'instruction.)

La fugue, R.Raisin, Rivages


Sam Marsdyke, le narrateur, 19 ans, vit dans la ferme familiale du Yorkshire et passe ses journées à garder les moutons, à se promener avec ses chiens et à épier les promeneurs. La fille de la nouvelle famille qui vient s'installer près de chez lui l'allume et il en tombe amoureux. Dans la tête de Sam, ça n'arrête pas de gamberger : il pense à la place des autres, il vit dans son monde restreint. Il imagine, mais est incapable de différencier le réel de l'imaginaire. Sam est du genre un peu attardé et considéré comme l'idiot du village dont tout le monde se méfie. Il va fuguer avec sa voisine.
Roman sordide, dérangeant, mais on rentre vite dans l'univers de Sam au langage simple et limité. Original! J'ai bien aimé.
Je l'ai précédemment commenté : même sentiment dérangeant que Léo. Plus réticente. Mais, je comprends tout à fait que l'on puisse aimer.

Uglies, S.Westerfeld, Pocket jeunesse


Ce livre est tout simplement G-E-N-I-A-L .C’est le genre de livres que j’aime, quand l’héroïne découvre un nouveau monde et qu’elle décide de se battre contre son ancienne vie. J’ai lu les 400 pages en une seule journée et je ne voyais pas le temps passer. Sans compter que Scott Westerfeld est un auteur que j’aime assez. J’espère que la suite sera aussi géniale.

Le magasin des suicides, J.Teulé, Pocket


Ce livre rappelle un peu la famille Adams, mais les Tuvache ont une grande différence : leur magasin. Cette histoire, qui se déroule dans le futur, est un bon livre pour passer le temps mais il m’a un peu déçue. Certains passages ne suivent pas le cours de l’histoire et on s’y perd un peu. Je trouve la fin beaucoup trop sinistre. Mais bien sûr un peu d’humour noir ne fait pas de mal.

jeudi 24 mars 2011

Le dernier homme bon, A.J.Kazinski, Lattès


Ce nouveau roman, vous ne pourrez le lire qu'à partir du 6 avril. Je l'ai eu en primeur de l'éditeur et je n'en regrette pas sa lecture.
Des gens meurent de manière inexpliquée à travers le monde. Y aurait-il un lien entre eux ? Si oui, comment sauver les suivants ?
Efficace comme un roman américain (de courts, voire très courts, chapitres) qui, dès les premières pages, nous donne envie de continuer, cette histoire frôlant le mysticisme est haletante et intrigante.
Pour moi assez semblable au Da Vinci code : du mystère, un soupçon de religieux et un zeste de science pour un bon moment de lecture-plaisir.

La chasse aux étoiles, H.Haasse, Actes Sud


En cette soirée de la Saint-Nicolas (1930), le jeune et pauvre journaliste Casper-Jan van der Sevensterre doit écrire un article/nouvelle sur le sort de l'être solitaire et triste le soir où tous font la fête. Un mystérieux colis lui est envoyé : il contient une étoile d'or sertie de grenats. Qui lui a envoyé ce bijou ? Par un concours de circonstances et de coïncidences très fortuites, il apprend la légende qui entoure l'étoile et Casper-Jan va partir à la recherche des 6 autres étoiles qui une fois réunies devraient lui faire découvrir de l'or. Ce personnage doux, naïf et maladroit va s'empêtrer dans des aventures plus ou moins périlleuses à la limite du burlesque. Ecrit en 1949 et traduit du néerlandais, ce récit au style quelque peu vieillot et aux sonorités quelques fois rurales m'a fait penser à Maupassant et à Adamek. Sans être un chef-d’œuvre, ce roman m'a fait passer un moment vraiment agréable.

mardi 22 mars 2011

Chair sauvage, Y.Kenaz, Actes Sud


Voici le premier commentaire d'une nouvelle recrue sur le blog : Anne-Françoise.

Un livre qui piège son lecteur au fil des pages. Yehoshua Kenaz nous plonge dans les émotions, les folies et les fantasmes de ses personnages, des Israéliens victimes de la précarité (dans tous les sens du terme) de leur existence. Les nouvelles de ce recueil nous touchent d’une manière perfide en nous mettant nez à nez avec nos propres doutes, nos propres vices au fur et à mesure de notre lecture. Chair sauvage est une œuvre qui dépèce son lecteur, lentement, à la petite cuillère… si celui-ci s’y laisse prendre car le genre de la nouvelle peut fatiguer à force. L’action se trouve davantage dans notre for intérieur que dans les lignes de Kenaz et il faut donc un peu de courage pour se plonger dans les dernières pages du recueil.

Du sang sur la soie, A.Perry, 10/18


Long roman historique qui plonge le lecteur dans une Constantinople/Byzance du XIIIème S. qui se reconstruit progressivement après son sac et son pillage 50 ans plus tôt par les Croisés et plus particulièrement par les Vénitiens.
Anna Lascaris se déguise en un médecin eunuque et revient à Constantinople pour trouver les preuves qui devraient disculper son frère Justinien du meurtre dont il est accusé. Sa condition de médecin eunuque lui permettra d'approcher autant les hommes que les femmes haut placés pour mener à bien ses recherches. L'intrigue nous plonge dans une atmosphère de complots et d'intrigues politico-religieuses, de trahisons, de corruptions, de vengeances, de querelles religieuses à la byzantine... La papauté ne s'en sort pas grandie pas plus que les églises romaine et orthodoxe. On voyage également beaucoup ! Plaisir de lecture !

Aerkaos, J.M.Payet, Les Grandes Personnes


Ærkaos est une trilogie fantastique/fantasy réunie par les Editions « Les Grandes Personnes » et destinée aux pré-ados et ados bons lecteurs (vu la « brique »). Langage simple, écriture épurée, style agréable, intrigue très bien construite et très correcte avec des personnages principaux attachants (Oona et Ferdinand). De plus, présentation soignée avec des pages aux coins arrondis, papier agréable au toucher, ... A conseiller !

mercredi 16 mars 2011

Dans la forêt du paresseux, A.Boisrobert et L.Rigaud, Hélium


Dans la lignée de Popville, cet album pop up nous montre très explicitement les ravages de la déforestation. De page en page, les arbres disparaissent, les animaux et les hommes fuient.
Mais, l'espoir est au bout du chemin.
Excellent !

La petite taiseuse, S.Bonvicini et M.Ratier, Naïve


Récompensé cette année par le Prix Sorcières catégorie Premiers albums, ce livre écrit pour les enfants à partir de 6 ans est un véritable bijou que je conseille à tout le monde, adultes (surtout) compris.
Un meunier, une petite taiseuse, un village et la Parole, avec ou sans mots.
Rien à dire de plus : achetez-le !

vendredi 11 mars 2011

Polina, Bastien Vivès, KSTR


Durant les 200 pages de ce magnifique album, l'auteur nous raconte la vie de Polina, enfant talentueuse, devenue une grande danseuse.
Et si Polina danse divinement bien, le talent de Bastien Vivès, l'auteur de cette BD, n'a rien à envier à son personnage. S'il n'était pas un homme, j'aurais pu croire qu'il était lui-même danseuse, tant le rendu du corps de Polina est époustouflant de vérité.
En outre, l'histoire est passionnante et touchante.
Bref : j'ai adoré !

Cette vie ou une autre, D.Chaon, Albin Michel


Cette vie ou une autre est un roman psychologique qui relate le destin de trois personnages qui mènent leur vie tant bien que mal : Lucy quitte tout pour suivre son prof d'histoire charismatique, Ryan va retrouver son père biologique au passé pas très net et Miles part à la recherche de son frère jumeau schizophrène. Tous trois sont des êtres déracinés aux personnalités fragiles, influençables, fuyantes et peu affirmées en quête de leur identité, de leur moi profond.
Chaon trace ainsi une espèce de jeu de piste semé d'indices glissés avec minutie et au compte-gouttes qui créent une ambiance particulière et perturbante où il est question de psychologie, de schizophrénie, de paranoïa et d'usurpations d'identités.
Récit original et troublant, espèce de toile d'araignée dans laquelle le lecteur n'a pas intérêt à en perdre le fil. Plaisir !

Morte la bête, Lotte et Soren Hammer, Actes Sud


5 cadavres atrocement mutilés, retrouvés dans le gymnase d'une école. Un excellent début pour la lectrice de romans policiers que je suis.
Rien de véritablement glauque malgré le difficile sujet traité : la pédophilie.
De très intéressants questionnements sur les médias, l'opinion publique et ses jugements (hâtifs), l'éthique. Le tout dans un pays qui a manifestement des choses à régler avec ces (ses ?) atrocités.
Un bon roman noir même si peut-être un peu brouillon.

La fugue, R.Raisin, Rivages


Un jeune homme, fils d'un agriculteur rude et bourru, est exclus de son école suite à l'agression d'une élève - ou sur un malentendu (?) -. Depuis, il zone, travaille à la ferme et parle tout seul.
Jusqu'à l'arrivée de citadins dans la ferme voisine, où vit une jeune fille apparemment pas mieux dans sa peau.
Ils vont se rencontrer, passer de bons moments ensemble puis fuguer. Au début, avec beaucoup d'insouciance et de plaisir mais cela va tourner au cauchemar. Autant pour eux que pour moi, lectrice.
Un roman dur qui m'a laissé une impression étrange, entre malaise et incompréhension.

Le sculpteur d'âmes, R.Cardetti, Fleuve Noir


La Fondation Stern, une restauratrice quelque peu désabusée par la vie, un japonais sculpteur de corps humains dont l'exposition « Ars Mortis » fait scandale à Paris, un conservateur-expert véreux, un faussaire très doué, un truand imbuvable, une responsable du FBI... vous mélangez le tout et cela vous donne un thriller dans le monde de l'art. Pas vraiment original mais agréable et plaisant à lire.

vendredi 4 mars 2011

Magasin sexuel T1, Turf, Delcourt


L'enthousiasme du représentant au sujet de cet album ainsi que l'ouverture depuis quelques mois d'une armoire coquine dans notre boutique Pièce Unique m'ont poussée à lire ce nouvel album de Turf (auteur de la série La nef des fous).
Une jeune femme hérite d'une camionnette pour faire les marchés. Au lieu de reprendre également la marchandise vendue par son défunt père, elle va choisir son propre produit. D'un caoutchouc à l'autre, elle va vendre des sex toys et autres produits de ce genre...
Rien de bien osé a priori sauf qu'elle va vendre cela dans de petits villages de la campagne française !
Tendre, drôle, léger.

Pied de Poule, Prince de Galles et Crottes de Nez, C.Caneparo, Naïve


Les livres de jeux pour passer le temps ont la cote depuis un moment. En voilà un excellent pour les enfants (et pourquoi pas pour les grands aussi ?), complètement décalé, drôlissime et graphiquement très original.
Nous ne l'avons que feuilleté avec les enfants et déjà on s'est éclaté ! Apolline en veut un pour son anniversaire, je pense que les autres en veulent un aussi.
Bref, je vais faire le plein à la librairie - pour mes enfants Et pour les vôtres évidemment !

mardi 1 mars 2011

La rivière noire, A.Indridason, Métailié


Un homme est retrouvé égorgé dans son appartement. Il semblerait que cet individu ait été un violeur, usant de la drogue du viol pour abuser de ses victimes. Une femme se serait-elle venger ?
C'était pour moi le premier Indridason : ce ne fut pas un grand moment mais un bon moment. Et surtout un plaidoyer pour que le drame de ces femmes violées soit davantage pris en considération !

L'enfant allemand, C.Läckberg, Actes Sud


Erika a bien des difficultés à se concentrer sur l'écriture de son roman bien que Patrik ait pris un congé parental pour s'occuper de Maja. La découverte d'une médaille, d'une brassière tachée de sang séché dans une malle au grenier et de carnets intimes va décider Erika à enquêter sur le passé de sa mère qu'elle connaît mal. C'est alors un va-et-vient entre les années de guerre (1943-1945) et aujourd'hui. Il est question tantôt de pro-nazis et tantôt de néonazis. Toute une histoire ! Des épisodes courts qui font passer le lecteur d'une période à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un fait à un autre créent tout le rythme du roman et font que le lecteur s'attache aux différents personnages récurrents des romans de Läckberg. L'enquête en soi reste secondaire et c'est le rapport des personnages entre eux et les problèmes de société qui rendent le récit très intéressant. C'est le 5ème roman de l'auteure, le plus élaboré et le plus réussi. Déjà enchanté par les précédents, j'ai été ébloui par celui-ci.

Bons baisers de Cora Sledge, L.Larson, 10/18


Cora Sledge est une personne âgée de 82 ans, veuve, 136 kg, qui se goinfre d'anxiolytiques, qui souffre d'asthme, qui fume et qui a des difficultés pour se prendre en mains aux dires de ses trois enfants. Ils vont donc la placer contre son gré dans une maison de repos qu'on préfère appeler « résidence médicalisée ». Là, elle se la joue à la « Tatie Danielle » : désagréable avec presque tout le monde, acariâtre, aux remarques et aux propos pas toujours politiquement corrects. Sa nièce Emma lui a offert un cahier et un stylo et elle se demande bien pourquoi d'ailleurs : cadeau absolument saugrenu. Mais Cora s'ennuie et elle commence à écrire tout ce qu'elle pense. C'est à travers ses cahiers écrits dans une langue directe et verte qu'elle va transcrire sa vie passée et sa vie dans ce home. Récit intimiste et révélateur des pensées d'une personne âgée à qui la vie n'a pas toujours sourit mais qui garde une énergie le plus souvent agressive. Ses cahiers seront pour elle une façon de refermer des portes. Cora est un personnage attachant !