Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mardi 29 novembre 2011

Une journée avec Monsieur Jules, D.Broeckhoven, NiL


Ce livre est un bonbon : un tout petit texte mais d'une grande simplicité et d'une grande beauté ! Alice et Jules vivent ensemble depuis des décennies. Sans aucun signe annonciateur, Jules s'éteint un matin et laisse Alice surprise et démunie. Nous la suivrons 24 heures, émus et attendris.

L'individu qui vient... après le libéralisme, D.-R.Dufour, Deno


Un énième livre pour répondre à mes questionnements sur notre époque contemporaine ? Oui ! Et un ouvrage pas piqué des vers celui-ci. Je ne m'attendais pas à lire un ouvrage de philosophie pure mais, étonnamment j'y suis arrivée et j'ai même trouvé cet essai passionnant.
Remontant aux calendes grecques pour nous expliquer d'où nous venons et où nous sommes arrivés, le livre de D.-R.Dufour a pour but de nous montrer quel individu a engendré la société néolibérale. Et cet individu n'a rien de réjouissant.
Toutefois, l'auteur nous propose des pistes pour sortir de ce (triste) modèle.
Maintenant, il est temps que je m'attaque aux auteurs morts et enterrés depuis belle lurette et qui ont déjà tout écrit et pensé...

1Q84 T2, H.Murakami, Belfond

Tel un alchimiste, Murakami continue à décanter (déconter ?) son intrigue au goutte à goutte : l’histoire et les destins de Tengo et d’Aomané en 1984 et en 1Q84, espèce de monde parallèle où apparaissent deux lunes. On navigue ainsi entre le monde du réel et un monde quelque peu imaginaire où le merveilleux intervient : les Little People et les chrysalides de l’air. 1Q84 est une espèce de conte philosophique dans lequel on progresse lentement mais avec bonheur. On finit par s’identifier aux personnages et on partage avec eux leur passé, leur présent, leurs rencontres, leurs questions.
Il faut prendre le temps de s’imprégner des mots, des phrases, de l’atmosphère ; lire lentement et savourer ce moment de plaisir. J’attends la sortie du 3ème « livre » avec impatience (Mars 2012 ?) pour enfin connaître la suite et la chute.

mardi 22 novembre 2011

Installation, Steinar Bragi, Métailié


Eva Einarsdóttir et Hrafn habitent et travaillent à New-York mais leur relation bat de l'aile et ils se séparent. Hrafn décide alors de retrouver son Irlande natale. Eva fera de même et, par le biais d'une vague connaissance, elle s'installe dans un appartement hyper aménagé et hyper sécurisé à Reykjavik.
Peu après son « installation », Eva commence à se poser des questions sur l'appartement lui-même et sur les autres résidents jusqu'au jour où elle se retrouve prisonnière de ses murs. Dans cette espèce de huis clos, il est question de déprogrammation mentale, de déshumanisation, d'annihilation !
Big Brother vous regarde ! Rêve ou réalité ? J'ai trouvé ce roman déstabilisant, hermétique et malsain.

Et puis, Paulette..., B.Constantine, Calmann-Lévy


J'aime les romans de Barbara Constantine même si on peut les taxer de naïfs, niais, cucul-la-praline et autres qualificatifs du genre. Pour moi, ils font du bien : tendresse, solidarité, écologie, partage, amour, simplicité sont les mots qui traversent cette nouvelle histoire. Une histoire comme on en rêverait dans la vraie vie...
PS : désolée pour celles et ceux qui auraient déjà envie de le lire : il ne sort qu'en janvier.

mardi 15 novembre 2011

Eloge du génie créateur de la société civile, P.Rabhi, Actes Sud


Le pouvoir politique est défaillant, la société civile doit reprendre les choses en main pour rendre la vie de chacun meilleure.
P.Rabhi s'était porté candidat aux élections présidentielles de 2002. Il propose cette fois que chaque citoyen soit candidat. Non pas sur les listes, mais dans son quotidien, au travail, dans sa vie privée,...
Partout dans le monde, les choses bougent. Des idées naissent et se développent. Des projets se mettent en place. A chacun de prendre ses responsabilités et de s'y mettre.
P.Rabhi nous montre le chemin.

Dans la vie, Aïssa Lacheb, Au Diable Vauvert


Au départ déroutant, ce roman intrigue et séduit au fil des pages. Un serial killer, puis un infirmier dans un home pour personnages âgées et, enfin, un enfant héros malgré lui constituent les trois parties de ce texte à la fois dur et vrai.
Le réalisme du récit et les tristes réalités décrites, conclus par une morale franche, en font un très bon livre.

1Q84 T1, H.Murakami, Belfond


Japon, Tokyo, 1984 (clin d'oeil à Orwell !)
Deux personnages principaux : Tengo et Aomané, qui se partagent les chapitres. Tengo est prof de mathématique mais aussi lecteur/critique et écrivain qui travaille pour Komatsu, éditeur manipulateur. Aomané est prof d'arts martiaux, masseuse et tueuse à l'occasion.
Au départ, ils n'ont rien en commun : chacun vit sa vie ; son présent avec son passé et ses souvenirs. C'est un peu comme s'ils gravissaient une colline sur des versants opposés. On pressent à travers ce que les narrateurs nous disent de leur vie qu'ils seront amenés à se trouver, à se retrouver au sommet. Le récit progresse lentement et les fils de la toile se tissent chapitre après chapitre avec bonheur et une petite pointe de fantastique/SF. « Le passé - tel qu'il était peut-être - fait surgir sur le miroir l'ombre d'un présent différent de ce qu'il fut. ».
C'était pour moi un réel plaisir de décanter ce premier tome et j'attends impatiemment de pouvoir lire le second (déjà paru) et ensuite le 3ème.
Ambiance et atmosphère captivantes.
Réel plaisir !

lundi 14 novembre 2011

Hubert Nyssen


Je viens d'apprendre son décès.
Je suis triste.
Nous perdons un grand monsieur. Je perds un mentor.

samedi 12 novembre 2011

Le livre...encore et toujours

Mes inquiétudes persistent, les médias s'inquiètent et se mobilisent :

- Couverture du Télérama (02/11/2011) : Les libraires vont-ils disparaître ?
- Livres Hebdo (12/11/2011) : Le temps de lecture des Français a diminué d'un tiers en 25 ans.
- Emission Répliques sur France Culture (12/11/2011) : Le livre et après ? Rencontre et débat entre Frédéric Beigbeder et François Bon.

Bienvenue à Oakland, E.M.Williamson, Fayard


Chaque ligne respire la crasse, la pluie noire, le cambouis, la bière tiède et le tabac froid. T.Bird, le narrateur, dégueule sa rage par écrit à même le sol d'un box de parking pourri. (Le Soir, 04/11)
Il faut aussi supporter que le narrateur vous postillonne, à travers le tutoiement, les frustrations de celui qui a touché le fond du fond et vous vomisse sa désespérance. Quant à moi, j'ai vite sorti la tête de cette eau saumâtre pour respirer un air un peu plus frais.

Les lames, M.Hayder, Presses de la Cité


Ca commence comme un polar : la découverte du corps assassiné d'une jeune ado bien sous tous rapports. Banal sans doute mais l'histoire est alambiquée et Mo Hayder sait tisser sa toile. Entre les relations entre deux soeurs qui ne se sont plus vues depuis longtemps s'imbriquent un pornographe, un dealer, un garde-chasse et surtout des ados et leurs valeurs. A travers les rebondissements et les chapitres courts, Hayder manipule le lecteur tout au long de ce récit jusqu'à la dernière page avec une fin inattendue. Petit conseil : ne jamais se fier aux apparences ! La dernière ligne ? « On ne peut pas passer sa vie à s'inquiéter pour ses enfants ! » Même si Les lames (pensez tarot) ne vaut pas Tokyo, c'est du bon Hayder et on n'est pas déçu. Lire aussi Skin, Rituel et Proies !

samedi 5 novembre 2011

En pure perte (le renoncement et le gratuit), C.Ossola, Rivages poche


La couverture est magnifique, le titre et le sujet séduisants. Le contenu plus difficile mais la lecture ouvre de nouveaux horizons et j'ai aimé ces deux extraits : ne pas peser sur la Terre ; Le voyage le plus long est le voyage vers l'intérieur.

Dors et fais pas chier, A.Mansbach et R.Cortés, Grasset


Sous forme d'album pour enfants, cet ouvrage s'adresse peut-être surtout aux parents, désespérés de voir (et subir) leur enfant qui, chaque nuit, ne dort pas.
Certains trouveront (et trouvent déjà) ce livre grossier. Personnellement, je l'ai trouvé juste, franc et très drôle. Je l'ai lu avec mon fils qui, lui aussi, était écroulé de rire.
Que celui qui n'a jamais maudit son enfant parce qu'il ne dormait pas jette la première pierre. Moi, je ne peux pas...

De chouettes livres pour nos petits




Boucle d'or et les trois ours, O.Douzou, Le Rouergue : le conte classique étonnamment revisité, à travers les chiffres.
Les nouveaux dinosaures, N.Carlain et K.Verplancke, Sarbacane : catalogue rigolo de dinosaures contemporains.
La marmite pleine d'or, J.L.Le Craver et C.Dutertre, Didier J : conte populaire russe qui a beaucoup plu à notre Hippolyte.

vendredi 4 novembre 2011

L'actuel malaise dans la culture, F.Richard, L'Olivier

Ah, je fais ma maligne à lire des essais. Et bien, celui-ci aura eu raison de moi après 5 pages. Le titre était pourtant alléchant mais le contenu tellement psychanalytique que j'ai mis mes lunettes (que je porte très peu souvent), dans le très ridicule espoir qu'elles allaient m'aider à comprendre.
Un petit extrait pour vous situer : à certains égards, toute psychologie des masses correspond à la psychose vue comme régrédience topique à une groupalité puérile et narcissique de sujets amputés de leur subjectivité.
Je n'ai rien compris et je me demande même si certains mots existent...(en tout cas, pas dans mon vocabulaire)
Pour les experts dont je ne fais pas partie...

Vertige : thriller, F.Thilliez, Fleuve Noir


J'avais besoin de me changer les idées, de lire quelque chose d'un peu moins prise de tête que mes précédentes lectures. Avec ce nouveau roman (trop vite écrit) de Franck Thilliez, j'ai été servie.
L'écriture était efficace et je suis restée accrochée à l'histoire malgré un scénario déjà vu (ressemblant très étrangement à Saw), d'assez mauvais dialogues et un final peu surprenant.
A lire si on est très fatigué...

Ce qu'on peut lire dans l'air, D.Mengestu, Albin Michel


Jonas a 30 ans et traverse une espèce de crise existentielle. Il tente alors de reconstituer l'histoire de ses parents, Josef et Mariam, Ethiopiens, qui se retrouvent en 1980 aux Etats-Unis après trois ans de séparation pour cause de révolution. Mais c'est aussi la propre histoire de Jonas lui-même. Roman psychologique, analytique : solitude, guerre et exil, deuil, crise identitaire, blessures intimes, introspection et réminiscences : c'est lent et sans grande originalité. Personnellement, je n'ai pas su entrer dans ce roman et pourtant les critiques semblent positives. Pas mon style sans doute !

Scintillation, J.Burnside, Métailié


Intraville est une petite cité perdue dans une presqu'île oubliée, polluée, contaminée, empoisonnée par l'usine chimique désaffectée, espèce de ghetto d'abandonnés par Extraville. Livrés à eux-mêmes, les ados du coin errent, trainent et hantent l'ancienne usine mais certains d'entre eux se mettent à disparaître et ON prétend qu'ils ont fugué. Personne n'y croit (on est dans le domaine du non-dit) et surtout pas Léonard, ado de 15 ans, passionné par la littérature, les filles et le sexe. L'intrigue complexe, parsemée de souvenirs, de réflexions et d'anecdotes, se déroule dans une atmosphère post-industrielle et quelque part apocalyptique, dérangeante, malsaine, noire, oppressante, violente, glauque mais dans une écriture implacable.
Il y a dans ce roman plus de questions que de réponses et on se demande, quand on ferme le livre, si on a vraiment tout compris !
Lecteurs, vous êtes prévenus !