Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

lundi 31 mai 2010

Drôle de pub


Maman, je ne veux pas aller à la garderie. Ecoute, je dois conduire ta soeur à la crèche puis t'emmener à la garderie, ensuite je vais travailler. Alors, je n'ai pas le temps d'écouter tes plaintes. Chérie, tu pourrais passer à la banque ? Nooooonnnnnn !!!
Si votre vie de famille est difficile, ne craignez rien et comptez sur la Banque Postale qui vous permet de gérer votre compte de partout, même de votre téléphone !
Voici, un résumé de la pub que je viens d'entendre sur France Inter. Et si l'on supprimait le vie de famille, on aurait la belle vie, non ? Puisque c'est elle qui a l'air d'être la cause de tous nos maux ! Pas le travail ni la société de consommation... No more comment !

jeudi 27 mai 2010

cadres noirs, P.Lemaître, Calmann-Lévy


Alain Delambre, 57 ans, ancien DRH, chômeur depuis 4 ans, fait des petits boulots jusqu'au jour où il est convoqué par un très gros PDG qui cherche un RH pour liquider une entreprise importante. Pour choisir la personne la plus compétente, le PDG décide d'organiser un « jeu de rôles » sous forme de prise d'otages. Alain marche à fond dans la combine, même trop, beaucoup trop... !
Récit en trois parties : avant, pendant, après. Avant : c'est Alain le narrateur et c'est « Comment un brave type peut devenir un salaud »; pendant, c'est le mercenaire qui a mis au point le jeu de rôles; après, c'est de nouveau Alain le narrateur.
Récit original et surprenant tant dans l'écriture que dans le scénario. On est scotché du début à la fin et on n'arrive pas à décrocher avant la dernière ligne. Tous les personnages sont extrêmement bien typés. Haletant, palpitant, captivant, frissonnant, diaboliquement orchestré de main de (Le) maître... En plus, ça fait réfléchir à des problèmes de société : chômage, famille, exploitation, manipulation, justice... J'ai adoré.

Oksa Pollock, l'inespérée, A.Plichota et C.Wolf, XO


Oksa Pollock, 13 ans, est une petite fille pas comme les autres puisqu'elle apprend qu'elle est l'héritière d'un peuple inconnu vivant dans un monde magique et mystérieux, caché du monde. Elle se rend compte qu'elle est dotée de pouvoirs magiques et elle s'en sert pas toujours à bon escient.
Ni fantasy, ni fantastique, ni merveilleux, ni science-fiction, l'histoire d'Oksa que la presse compare aux aventures de Harry Potter et qui annonce une véritable « Pollockmania » crée un buzz sur le site du Nouvel Obs. Refusé par Gallimard, le manuscrit auto-édité par ses auteures sera accaparé par XO. La saga Pollock touche sans doute les ados accros du genre et surtout les pré-ados, mais je me suis particulièrement ennuyé à la lire et je l'ai vite abandonnée : les « flammes » qu'Oksa peut envoyer ne m'ont pas allumé !
Commentaire perso : je n'avais même pas connaissance de la sortie de ce livre mais je n'ai rien d'autre à dire que : Quelle moche couverture !

Hubert Nyssen, un grand homme dans ma vie


Grâce à une cliente chère à mon coeur, j'ai rencontré il y a quelques années Hubert Nyssen, le fondateur des excellentes éditions Actes Sud. Depuis, malgré les kilomètres qui nous séparent, je suis restée en contact avec ce grand homme.

Pour les 10 ans, je lui avais demandé de m'écrire un petit texte. Il n'a malheureusement pas eu l'occasion de le faire, terrassé par la douleur. Il m'a toutefois écrit ceci et je ne peux que le partager avec vous.
"Vous êtes pour moi une déesse de la fécondité amicale, familiale et littéraire. J’en tiens pour symbole un bel œuf en céramique que vous m’avez un jour donné et qui ne me quitte pas. Bonne chance à vous, je vous embrasse avec une admirative affection."

mercredi 26 mai 2010

Le bonheur


Pour témoigner de mon accord avec les propos de Sébastien Lapaque sur le bonheur et l'amitié : dimanche, entourés de nos amis. Heureux.

Pierre Lescure ?


Je suis pour le moment en train d'écouter une interview de Pierre Lescure par Fabienne Vande Meersche. Tiens, c'est qui déjà ce type ? Direction Google et je tombe sur des infos concernant l'ancien patron de Canal Plus. Il a été mis en examen en 2008 pour faux et usage de faux dans une histoire de parachutes dorés. Je ne sais pas où en sont les poursuites mais cet invité me semble moins glorieux que n'a l'air de le prétendre Fabienne...
Vous trouverez peut-être ma critique trop facile et surtout quid de la présomption d'innocence. Tant pis et mettons ce post sur le compte de cette pluie drue qui tombe depuis hier soir !

mardi 25 mai 2010

Au hasard et souvent, S.Lapaque, Actes Sud


Au-delà d'un journal de réflexion, le livre de S.Lapaque est un appel à lire (ou relire) certains textes majeurs. A travers cet ouvrage, il nous montre que tout a déjà été écrit, pensé et qu'il serait bon de relire ces auteurs et surtout de se souvenir de ce qu'ils ont écrit pour (re)penser le monde contemporain.
Rien que pour cette phrase, je suis heureuse d'avoir lu ce livre : il ne faut rien demander de marchandable aux livres. Mais l'impossible : la beauté, le bonheur, le sourire et le soleil.
Mais également pour ce paragraphe, servant de conclusion : à d'autres les gains, les victoires, les honneurs. Mes livres et mes amis continuent à me donner aujourd'hui et pour toujours, au hasard et souvent, autrement et encore, ici et pas ailleurs, ce bonheur qui passe tous les bonheurs, ce sentiment qui rayonne, et que je prononce à haute voix au moment où je l'écris : l'émerveillement.
Et pour le reste aussi.

Sheol, Dogado, Delcourt


Une maison peut-être hantée, une femme malade ou manipulée, un homme étrange pour une histoire fantastique, triste et belle. Manga one-shot très réussi, traduit de je ne sais quelle langue (pas trouvé l'info).

Les lieux sombres, G.Flynn, Sonatine


Tout à fait d'accord avec la critique de Géraldine.
Libby Day a 7 ans quand sa mère et ses deux sœurs sont assassinées « presque » sous ses yeux par Ben, son frère de 15 ans. C'est elle qui le désigne en tout cas comme le meurtrier.
25 ans plus tard, Libby, encouragée... financièrement... par une association qui ne croit pas que Ben soit l'assassin, va à la rencontre de tous ceux qui de près ou de loin pourraient l'éclairer sur ce qui s'est vraiment passé ce jour-là. «Lieux sombres » est un euphémisme : c'est du noir de noir. Malgré l'atmosphère morbide et le langage cru du récit, le va-et-vient entre présent/passé vous fait entrer dans l'histoire.

samedi 22 mai 2010

Un père pour mes rêves, A.Duff, Actes Sud


« OK, papa, prêt. Regarde », pense Yank, enfant maori, alors qu’il va plonger dans la rivière pour exister aux yeux d’un père qu’il n’a jamais vu et qu’il croit mort…
Le livre déroule ses deux parties depuis cette phrase à cette autre, que Yank entendra à l’âge adulte : « Si tu n’as pas de mes nouvelles, sache que mon amour pour toi est fort de trois siècles. »
La première partie, solaire malgré la solitude, la souffrance et les cruautés de la vie, se déploie parmi les Maoris dans un des endroits les plus remarquables au monde, Waiwera, situé sur un terrain creusé de bains chauds d’où s’échappent des fumeroles. Le village dit de la belle Lena qu’elle est une putain parce qu’elle a vécu deux semaines d’amour fou avec Jess, soldat américain, pendant que son mari, Henry, faisait la guerre en Europe. Le premier repart à la guerre, le second en revient, et commence pour Lena et Yank, car il est le fils de Jess, une vie de brimades et de détresse. Deux fois privé de père, Yank va s’appuyer sur l’amour de sa mère et son goût pour la musique pour déployer sa destinée.
La deuxième partie, extrêmement sombre, nous ramène en terrain plus connu, quand, devenu jeune adulte, Yank part à la recherche de son père au fin fond du Mississippi. C’est l’heure où les Noirs sont encore soumis aux caprices cruels du Ku Klux Klan. Sur fond de protest songs et de discours de Martin Luther King, le voyage va l’ébranler.
L’originalité et la force de ce roman tiennent à de nombreux facteurs. D’abord, il rapproche et compare l’expérience de la négritude dans le Sud des États-Unis et en Nouvelle-Zélande, enrichissant la compréhension que nous pouvons en avoir et notre compassion pour nos frères humains. Mais le propos d’Alan Duff n’est pas seulement politique. Avec une grande finesse psychologique, il présente aussi une large galerie de portraits authentiques et attachants. Dans la société maorie rongée par l’alcool et dominée par l’orgueil du mâle guerrier, la figure résistante de Lena, surtout, fait vibrer. L’éveil à l’amour est décrit avec beaucoup de sensibilité, de naturel et de ferveur. Stylistiquement, c’est un roman à la fois choral (les scènes de baignade, de danse, de concert, etc. montrent le groupe ou la foule comme un organisme unique et tentaculaire) et intimiste où les points de vue alternent très originalement avec empathie et justesse.
Du même auteur : L’Âme des guerriers, Les Âmes brisées et Nuit de casse (Actes Sud, trad. Pierre Furlan)

Le rêve du collectionneur, P.Furlan, Au vent des Iles


Le Rêve du collectionneur raconte deux destins antinomiques. D’un côté, l’histoire d’un inventeur néo-zélandais qui fait fortune grâce à ses inventions et à son esprit d’entreprise. De l’autre, celle de son fils, Will Bodmin, qui court d’échec en échec.
Le premier est autodidacte; le second, nourri à la psychanalyse. Artiste contrarié, Will devient art-thérapeute jungien et grand collectionneur. Surtout, il va s’évertuer à ne pas vivre, à ne pas créer et à ne pas aimer, incapable de voir que ses deux grandes quêtes, la pièce maîtresse de sa collection et la femme de sa vie, sont là, tout près de lui.
Par le biais de la collection de Will Bodmin, c’est toute l’histoire de la Nouvelle-Zélande qu’on découvre avec un plaisir étonné. C’est aussi une réflexion sur la psychanalyse, abordée par sa face jungienne, et sur le mauvais usage que certains peuvent en faire quand elle est dévoyée. Car ce qui devrait éclairer Will l’aveugle – et n’est-ce pas ce dont nous sommes tous menacés un jour ou l’autre? Et puis, surtout, il y a cette obstination chez Will à ne pas saisir le bonheur et à puiser dans les rêves un sens à une vie qui en semble dénuée.
Il y aurait beaucoup à dire sur la construction, organisation complexe mais qui ne décourage jamais, et un style qui parle à la tête comme aux sens, abreuvé très naturellement à deux cultures, la française et l’anglo-saxonne (car l’auteur est aussi traducteur, notamment de Russel Banks, de Thomas Savage et d’Alan Duff, voir ci-dessous). Orphelin dans l’âme parce que fils dédaigné d’un père narcissique à l’excès, Will restera un enfant, comme de nombreux personnages de ce roman original. C’est chez sa nièce, une des seules vraies adultes malgré son nom tiré de Peter Pan (Tinkerbell, alias Fée Clochette), que le narrateur, double de l’auteur, rassemble les lettres et les documents qui l’aident à composer la biographie impossible que nous avons sous les yeux.
Pierre Furlan fait de son anti-héros touchant un être proche, un père, un frère, un autre soi, quelqu’un qui nous chuchote : Que fais-tu de ta vie ? Tes rêves te disent-ils ce que tu crois qu’ils te disent ? Ne cours-tu pas après des chimères ? Qui aimes-tu vraiment ? Ne t’aveugles-tu pas sur le sens de tout ?
Du même auteur : L’Invasion des nuages pâles, Les Dents de lait du dragon, La Tentation américaine, L’Atelier de Barbe-Bleue (Actes Sud) et Le Violon de Soutter (Esperluète)

L'épouvantail, M.Connelly, Seuil


Malgré la fatigue qui me touche en ce moment, je suis quand même (enfin !) arrivée à la fin d'un roman : le dernier de Michael Connelly qui n'est certes pas son meilleur mais qui m'a fait passé un bon moment. Des ficelles, des clichés, des idées parfois limites (en tout cas, il m'a semblé) pour une lecture détente dont j'avais vraiment besoin.

10e anniversaire



Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, je n'ai pas disparu depuis mon dernier post, j'ai fêté les 10 ans de la librairie. Une belle fête, une super soirée qui me laisse beaucoup de traces : des (kilo)grammes en trop (encore !), une énorme fatigue mais surtout des étoiles plein la tête. Et de nouvelles envies, de nouveaux projets.
Un tout grand merci aux personnes présentes le 15 mai 2010.

dimanche 9 mai 2010

Misère à Beverly Hills

Lors de cette même balade à vélo, je suis allée à Beverly Hills : que des grosses maisons, des petits et des grand jardins... pour personne.
Sur tout le quartier : 4 enfants jouant ensemble (quand même !), une petite fille toute seule et 3 garçons regardant avec ennui leur papa bricoler dans le jardin.
Pour vivre heureux, vivons ailleurs que chez soi ?

Quelle frustration !

Quoi de plus triste qu'un taureau seul dans un champ avec deux... autres taureaux ! Rien d'autre à brouter que de l'herbe ! (triste constat que j'ai fait lors d'une balade à vélo).

Les (nouveaux) euphorismes de Grégoire, Maître Grégoire, Max Milo


L'aphorisme : que j'aime cet exercice de la langue ! En quelques mots, de courtes phrases, tant d'idées exprimées. Un condensé d'humour, d'intelligence, de subtilité linguistique. J'adore !

vendredi 7 mai 2010

Pour rêver... à moins que vous ne soyez millionnaire


Les éditions Ullmann (anciennement Könneman) ont développé une très belle collection, à petit prix : Compact. Dans la série "architecture", ils présentent des constructions en fonction du matériau utilisé ou d'un élément précis du bâtiment. Ainsi, j'ai bavé devant des titres tels que Eau, Béton ou Couleur.
Pour 9,00, cela ne coûte rien de rêver !

Ananké, M.Le Galli et E.Madrid, Delcourt jeunesse


Anita, dame âgée, et Lilou, petite fille triste et seule, se rencontrent sur la plage. Sur et sous la plage, deux mondes. Celui des vivants. Celui des morts.
Une belle histoire d'amitié pour les enfants qui commencent à lire.

L'histoire très ordinaire de Rachel DuPree, A.Weisgarber, Belfond


Youpi ! Je suis enfin arrivée à terminer un roman. Et un bon roman, de surcroît !
L'histoire de Rachel DuPree n'est pas si ordinaire que son titre le prétend : tombée follement amoureuse du fils de sa patronne, Rachel va accepter un marché avec celui-ci afin de l'épouser. Des terres dans les Badlands contre une alliance. Puis, une vie de misère, de douleur, 8 enfants dont 3 qui vont décéder. Une vie dure, extrêmement dure mais surtout une conclusion courageuse pour préserver les survivants.

mercredi 5 mai 2010

Le jardin voyageur, P.Brown, Nord/Sud


Si je ne trouve rien de bon dans la littérature pour adultes, je prends mon pied avec les albums jeunesse. Innovants, intelligents, contemporains,... Que de bonnes choses à lire et à découvrir avec nos bambins !
En revoici un excellent : Liam vit dans une ville sans jardin. Mais, en se baladant, il découvre quelques malheureuses fleurs et un petit arbre. Avec beaucoup de patience et d'amour, il va parvenir à faire refleurir toute la ville et y faire participer bons nombres de gens.
Un très bel album. Et pour moi, une très belle métaphore : je vais garder le nom de cet album dans un petit coin de ma tête...

Afin de féliciter l'auteur, je lui ai envoyé un mail - vive Internet, car Peter Brown est installé à NY - (je fais cela de plus en plus souvent : il faut encourager ceux qui font du bon travail à continuer).
Voici sa réponse :
Hello Geraldine!
Thank you for the nice email!
It took me two years of hard work to create The Curious Garden, so I'm very happy that you like it! I hope that your customers will also enjoy it. I really love Belgium, and so I'm excited to know that my book is being sold there. I hope to return to Belgium sometime soon, if I do I'll make sure to visit you and perhaps I can sign copies of my book for you to sell in your store.
All the best,
Peter

mardi 4 mai 2010

La culture !!!!

Deux blogs différents consultés, deux commentaires assez semblables :
- celui de Thierry Dedieu, après avoir chroniqué son excellent Roi des sables, où il se plaignait que son éditeur lui ait demandé d'arrêter ce qu'il fait et de faire du commercial.
- celui de Sharko, après son très bon concert - gratuit- à Arlon dans le cadre des Aralunaires (j'en profite pour remercier les organisateurs), dans lequel il relate un entretien avec son producteur qui lui dit que le rock est mort, ce qui compte maintenant en musique c'est le Rn'B.
Pour moi, une conclusion : ce ne sont plus l'intelligence, la créativité, l'exigence, l'excellence, l'originalité qui comptent mais l'argent.
Quelle misère !

L'enfer des rêves, T.Roszak, Le Cherche Midi


Thriller psychologique ? Roman noir ? Un inclassable de la collection NéO.
Deirdre Vale a vu deux de ses enfants tués par son mari Peter qui a ensuite retourné le couteau contre lui. Soignée dans la clinique psychiatrique du docteur Devane, elle devient son assistante dans sa recherche dans le monde des rêves. Deirdre a un don; c'est une « guetteuse » : elle peut s'in­troduire dans les rêves des autres et les manipuler. L'arrivée de Constancia, la madone rouge, soeur guatémaltèque expulsée de son pays pour activisme politique et social, va changer sa vie.
Deirdre va devoir affronter Moray, un autre « guetteur » malveillant et pervers. Le bien et le mal vont devoir s'affronter : dualisme, manichéisme !
On entre malgré soi dans ce suspense morbide et pervers à la Chattam où la manipulation est reine... après quelques passages un peu longuets.