Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mercredi 19 juin 2013

33 leçons de philosophie par et pour les mauvais garçons, A.Guyard, Dilettante

33 portraits de philosophes pour démystifier celle-ci, pour se rendre compte que ces mecs n'étaient pas nécessairement propres sur eux, qu'ils avaient parfois les mains sales et qu'ils n'avaient pas peur d'aller au front en cas de nécessité. Dans un style propre à lui mais très drôle, Alain Guyard nous donne à lire à travers ses leçons et à agir dans différents exercices pratiques. Tous au boulot !

Bloody Miami, T.Wolfe, R.Laffont


Rappelez-vous le succès mondial du Bûcher des vanités paru en 1987 et adapté 3 ans plus tard par Brian de Palma, ou la descente aux enfers d'un puissant dans l'Amérique raciale des années 80. Avec Bloody Miami, Wolfe nous annonce « Le bûcher des vanités 2010 ».
Miami, melting-pot ethnique où Cubains, Latinos, Anglos (Americanos, Gringos, Blancos, Wasp), Afro-Américains, Nicos (Nicaraguayens), Haïtiens tentent plus ou moins de cohabiter. D'un côté, le populo et de l'autre, les milliardaires, les arrivistes sans scrupules, les oligarques russes. On a droit à un descriptif sans concession d'une Amérique tout en contrastes : une galerie de personnages de milieux sociaux opposés, une espèce de comédie humaine. Il n'y a pas vraiment d'intrigue mais une succession de « tableaux » dans lesquels Nestor Camacho et Magdalena Otero servent en quelque sorte de fil conducteur. Si l'on excepte la ponctuation débridée, les onomatopées crispantes (et une 4ème complètement kitch), le style est coulant, souvent cru, haché, qui génère une forme de suspens. Pas vraiment un chef d?'oeuvre, mais une espèce de « reportage » très intéressant avec des réflexions acerbes sur l'art moderne, les psychiatres, les pornodépendants.

vendredi 14 juin 2013

Fantôme, J.Nesbo, Gallimard


 Après Le bonhomme de neige et Le léopard, Harry Hole, commissaire démissionnaire depuis trois ans de la police norvégienne, quitte son exil à Hong Kong et revient à Oslo pour clarifier l'arrestation d'Oleg, le fils de Karel, l'amour d'Harry. Oleg aurait assassiné Gusto, son ami dealer. On tombe alors dans le monde de la dope : petites frappes, junkies, dealers, gros bras et « oncle sibérien », trips et dépendance, corruption ; pas vraiment le paradis sinon artificiel ! Encore une fois, Nesbø nous offre un polar/thriller impressionnant : intrigue parfaite, rythme soutenu, personnages au caractère trempé, rebondissements, suspens et une chute « stupéfiante » (sans jeu de mots !). Impossible à lâcher !

Du livre et des écrans, S.Tisseron, Manucius

Sous-titré Plaidoyer pour une indispensable complémentarité, ce livre est pour moi ! Ben, que nenni ! Après avoir ramé dans les premières pages au phrasé compliqué, je n'ai pas véritablement trouvé de plaidoyer pour une complémentarité (j'y ai plutôt compris un phagocytage du premier par les seconds) hormis dans la conclusion. Dommage !

vendredi 7 juin 2013

La petite disparue, I.Wlodarczyk, Oskar

En ce moment boulimique de livres, je prends ce que je trouve : une fois n'est pas coutume, un roman pour la jeunesse (à partir de 10 ans). L'histoire de Marie qui compte sans cesse et de Jean, le petit galopin. Que compte-t-elle et pourquoi ? Suivons, pour cela, le fil tissé par l'Etourdie, l'araignée amie de Marie et dénouons le mystère.

Amazones, R.Riol, Le Rouergue

Lors d'un repas sinistre dans une maison de retraite, Alice - la jeune - et Alphonsine - la vieille - s'enfuient pour se réfugier dans la maison de campagne de la première. C'est l'occasion pour ces deux femmes de se raconter, de cracher leur fiel sur les hommes de leur vie, de prendre ou reprendre le rôle d'Amazone qu'elles ont joué dans le passé.
Même si les hommes en prennent très exagérément pour leur grade, ce livre m'a cyniquement amusée et, le temps du récit, j'ai chevauché avec elles.

jeudi 6 juin 2013

L'accomplissement de l'amour, E.Almassy, L'Olivier

Inspiré d'une longue nouvelle du même titre écrite par Robert Musil en 1910, ce texte raconte une infidélité à notre époque. Manifestement mal accompagnée depuis 20 ans, Béa tente de trouver l'amour via le Net. Jusqu'à la rencontre physique...
J'ai trouvé ce texte dur, triste, peut-être (mais je n'espère pas) révélateur de notre temps.

mercredi 5 juin 2013

J'ai aimé être fidèle, J.M.Rivière, Lattès

Probablement que le beau temps m'a donné envie de lire un roman facile, léger, sur l'amour. Et, même si j'ai trouvé les situations trop rapidement survenues et peu originales, je me suis plu à lire l'histoire de Paul dont la femme l'a quitté suite à un écart de conduite avec l'une de ses étudiantes.
Celle-di reviendra-t-elle ? A vous le découvrir, sur la plage, cet été...

Hôtel particulier, G.Sorel, Casterman

La vie d'un immeuble est vue à travers les yeux d'une jeune résidente fraîchement suicidée et d'un chat habitant les lieux de longue date.
Bande dessinée délicatement érotique, où se mêlent réalisme et fantastique.

Bande d'arrêt d'urgence, W.Phoenix, Actes Sud - L'An 2

Bande dessinée, en noir et blanc, au graphisme très routier, qui dénonce, avec humour (grinçant) les dérives de notre société liées à la voiture. Comment lui a-t-on laissé autant de place, sur le territoire et dans nos vies ? Comment a-t-on pu accepter qu'elle tue autant de gens ou en meurtrissent encore plus ?
Moi qui n'aime pas la voiture, j'ai logiquement apprécié cet album.

Un café maison, K.Higashino, Actes Sud


Yoshitaka Mashiba et Ayamé sont mariés depuis un an. Suite au contrat passé avant leur mariage, si Ayamé n'est pas enceinte dans leur 1ère année, ils divorceront et Ayamé n'est pas enceinte. Après une fête avec leurs amis, Ayamé décide de partir voir ses parents. Le 2ème jour de leur séparation, Yoshitaka est retrouvé mort dans son salon, une tasse de café à l'arsenic renversée à ses côtés. Si le lecteur connaît l'auteur du crime, les enquêteurs, eux, l'ignorent. L'énigme consiste à savoir comment le poison s'est retrouvé dans la tasse de café. Mission impossible parce que le crime semble parfait ? Un café maison est un policier (pas un polar) tout à fait traditionnel avec une enquête à la Sherlock Holmes ou à la Hercule Poirot revisitée mais exotique avec ses noms nippons, cette déférence et cette contenance toutes japonaises : jamais un mot plus haut que l'autre ! Un bon policier et un agréable moment : un excellent café bien torréfié et dosé à l'arôme subtil.
(Vient de sortir du même auteur La prophétie de l'abeille)

mardi 4 juin 2013

Géronimo a mal au dos, G.Goffette, Gallimard

Livre choisi pour notre prochaine soirée littéraire, lu d'une traite.
A l'enterrement de son père, Simon se remémore cet homme, son enfance auprès de lui, dans un petit village rural. C'est touchant, juste, cela se lit facilement, sans pathos ni règlement de comptes.

La singulière tristesse du gâteau au citron, A.Bender, L'Olivier

Un titre fabuleux et prometteur ! Un résumé qui donne envie ! Mais, peut-être un gâteau au citron qui laisse un goût de trop peu dans la bouche... Rose sait deviner l'humeur des gens dans les aliments qu'ils ont préparés. Dans sa famille, elle n'a pas la seule à posséder un super pouvoir, mais peut-être la seule qui saura le gérer. Ni bon, ni mauvais.

Un écrivain, un vrai, P.Petersen, Actes Sud


Après avoir reçu « l'International Book Prize » au Plaza Hôtel de Central Park, l'écrivain Gary Montaigu se prête au jeu de la « téléréalité » (irréalité ?) : écrire sous les objectifs des caméras. Confiné dans son sous-sol à la petite fenêtre haut placée, Gary doit écrire sous la contrainte d'un producteur, de lecteurs-téléspectateurs, de journalistes et surtout sous le joug de Ruth, son épouse dominatrice. Peut-on écrire sur commande ; et où se trouve l'élan créateur quand le seul objectif est de plaire ? 
Mais ce roman participatif n'est pas son roman, c'est le roman des autres et plus encore celui de Ruth qui critique et corrige la moindre phrase qui ne plaira pas. Ruth estime que c'est son devoir d'organiser sa vie. Sans elle, il n'irait pas bien loin. Et puis Ruth n'existe qu'à travers lui car « être l'épouse d'un homme connu et reconnu donne du magnétisme, de l'allure, un statut et toute son existence en dépend, sans cela, elle ne serait rien et elle ne supporterait pas de n'être rien ! » 
Il y a bien quelques questions/réflexions sur la littérature et son rôle, mais c'est plus une critique de notre société contemporaine, du storytelling et du couple. Lu mais pas vraiment passionné.
 
 

Ils vivent la nuit, D.Lehane, Rivages


Si tu vis le jour, alors tu respectes les règles de la société des gens bien-pensants ; mais si tu as décidé de vivre la nuit, alors la seule règle à respecter est de survivre ! Dans la lignée de Un pays à l'aube, Lehane nous plonge dans l'Amérique des années 1926-1935, celle de la prohibition et du gangstérisme à travers le personnage de Joe Coughlin, petite frappe de Boston qui deviendra un des seigneurs du rhum en Floride pour le compte des mafiosi du nord. 
Cette espèce de « Parrain » à la sauce Lehane est un roman viril où résonnent colts et thompsons et où le seul but dans la vie est le profit envers et contre tout ! Pas très moral mais l'argent sale peut aussi servir à faire le bien. Ça bouge et c'est un très bon moment à passer !