Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

jeudi 30 mai 2013

Douce pincée de lèvres en ce matin d'été, L.Bonneau, Dargaud

La manchette sur la couverture dit : "Talent à découvrir". Je confirme. Et vous laisse le plaisir de découvrir cet album, graphiquement très réussi !

Brunetti et le mauvais augure, D.Leon, Calmann-Lévy


Après une « parenthèse » un peu décevante, Donna Leon nous revient avec son commissaire Brunetti, typique et atypique à la fois, et les personnages auxquels on est depuis longtemps familier. Double enquête pour le commissaire : une personnelle pour son adjoint Vianello qui s'inquiète pour sa vieille tante préférée, obsédée par les horoscopes et l'autre, menée pour son ami Brusca, suite à ses soupçons de corruption dans le monde judiciaire vénitien. 
C'est dans l'atmosphère poisseuse d'un été caniculaire que le commissaire va devoir évoluer en attendant des vacances méritées, dans l'air plus respirable du Haut-Adige. 
C'est un bon bouquin policier où Donna Leon et Brunetti sont égaux à eux-mêmes. Pas de surprise ! mais pas de déception non plus ! Tout simplement agréable !

A toi pour l'éternité, D.Glattauer, Grasset

Judith, 33 ans, libre et indépendante, tient une petite entreprise de luminaires. Hannes est architecte, rénovateur et créateur de pharmacies, 43 ans, célibataire. Ils se rencontrent (comme par hasard) dans une épicerie : Hannes a écrasé « malencontreusement » le talon de Judith. Commence alors l'amour passion de lui pour elle : amour assidu, possessif, étouffant, harcelant, manipulateur, destructif, constricteur ; « mais être aimée à la folie ne suffisait pas à éveiller des sentiments réciproques. » 
Amour passion donc mais pas du tout passionnant. J'ai survolé les cinquante dernières pages n'ayant pas/plus envie d'en connaître la « chute » ! Sentimental ou anti-sentimental, le roman touchera sans doute des lectrices ! Pas moi ! Ennui profond ! (On est loin de l'original Quand souffle le vent du nord.)
Commentaire de la libraire : détrompe-toi, Léo : je n'ai pas aimé non plus !

samedi 25 mai 2013

Annabel, K.Winter, Bourgois

Fin des années 60, dans le Labrador canadien, naît un enfant. Qui n'est ni fille, ni garçon, mais les deux à la fois. Ses parents choisiront alors pour lui et en feront un garçon. Mais, est-ce bien sa nature ?
Sans voyeurisme aucun, avec une grande délicatesse, beaucoup d'intelligence et de sensibilité, l'auteure aborde un sujet rare et difficile et en fait un grand roman. Tout simplement magnifique !

Agent 6, T.R.Smith, Belfond

- Janvier 1950, Moscou, place de la Loubianka, siège de la police secrète, Leo Demidov est un agent très performant du KGB de la Russie post-stalinienne. - Moscou 1965, Leo, ex-agent du KGB, voit partir Raïssa, son épouse, Elena et Zoïa, leurs deux filles adoptives accompagnant une délégation de chanteurs russes pour un concert pacifique à Manhattan. Nous sommes en pleine guerre froide. Raïssa ne reviendra pas ! - 1973, frontière finlandaise, Leo est arrêté dans sa tentative pour rejoindre les USA. - 1980, Kaboul, Léo est conseiller militaire et formateur de stagiaires pour la police secrète afghane. 
A travers ce récit, c'est le destin et la quête de vérité de Leo Demidov, personnage principal qu'on avait côtoyé dans Enfant 44 (2010)  et dans Kolyma (2011). Aussi palpitant que les deux premiers, Agent 6 n'est ni un polar, ni un roman d'espionnage même si KGB et CIA s'y confrontent, mais un excellent roman qu'on ne peut lâcher, tantôt dur et tantôt humain avec ses dilemmes angoissants. 
Smith récidive pour notre bonheur ! On en redemande !

mardi 21 mai 2013

Baby love, J.Maynard, P.Rey

Malgré un style assez pauvre (changement de personnages au rythme des paragraphes), une confusion persistante entre les protagonistes et un démarrage difficile, je suis allée au bout de ce roman écrit en 1981, racontant l'histoire de plusieurs jeunes filles mères ou enceintes dans l'Amérique profonde de cette époque (mais, parfaitement transposable maintenant). Le suspense monte crescendo et le livre ne nous lâche plus jusqu'aux drames finaux.

Les insurrections singulières, J.Benameur, Babel

Antoine, ouvrier spécialisé dans une usine sidérurgique française, fait sa crise de la quarantaine. Il ne sait plus qui il est, ce qu'il veut : « Je me suis pris pour le sauveur de la classe ouvrière pour les beaux yeux de Kalima. Elle se faisait du cinéma. Et moi je suis entré dans son film. J'ai fini par y croire, à mon rôle.» 
Avec ce roman, on fait arrêt sur image, on met sur pause et on regarde la mire : mise au point des blancs, des gris, des noirs, des couleurs et on recadre, on se recadre. On se pose et on réfléchit à ce qu'on a été, à ce qu'on est devenu et à ce qu'on sera. C'est un de ces romans qui ont le don de bouleverser vos façons de penser, vos idées toutes faites, vos préjugés, votre éducation, vos convictions ; Benameur, c'est un style, c'est une écriture et c'est simplement du bonheur car chez elle, rien n'est superficiel, tout est profondeur empli d'optimisme. Bonjour la vie ! 

vendredi 17 mai 2013

A toi pour l'éternité, D.Glattauer, Grasset

Très fatiguée par toutes les activités qui se sont succédées les dernières semaines, je ne me sentais pas capable de lire autre chose qu'un roman que j'imaginais léger et amusant comme l'avait été Quand souffle le vent du nord. Malheureusement, je n'ai même pas eu cela avec le dernier livre de Daniel Glattauer.

jeudi 16 mai 2013

La femme sans tête, A.Albertini, Grasset

Tout part d'une enquête non élucidée, une affaire classée, à Santa-Lucia au Cap Corse avec la découverte en 1988 d'un corps de femme sans tête dans un caveau familial. Gabielle Nicolet (nom d'emprunt) avait disparu avec son fils Yann 9 ans plus tôt en Corse. Pas vraiment un roman mais plutôt une « chronique journalistique et judiciaire » qui retrace l'enquête du major Serrier de la brigade de recherches et les investigations d'un journaliste qui tente de comprendre l'affaire après coup. 
Qu'on retrouve un homme une balle dans la tête, ça c'est une affaire corse mais pas un cadavre de femme décapitée. Le récit décrit un cadre de vie et une atmosphère corses avec ses rancunes, ses jalousies, son omerta, ses histoires de famille. Ça se lit avec une certaine distance ! Intéressant mais pas vraiment palpitant !

La première chose qu'on regarde, G.Delacourt, Lattès

Arthur est mécanicien-garagiste, il a 20 ans. Jeanine Foucamprez est le sosie parfait de Scarlett Johansson, elle a 26 ans. Deux personnages déjà cassés par leur passé malheureux. Arthur est simple, naïf et maladroit dans ses relations. Elle est désabusée par la vie. Ils vont vivre une semaine ensemble. Le style est agréable mais le récit est aussi gris que les personnages malgré quelques moments de bonheur furtifs et les trop nombreuses références musicales et littéraires finissent par devenir lassantes. Plaisir mitigé !

L'hypnotiseur, L.Kepler, Actes Sud

Après avoir lu Le pacte (2011) et Incurables (avril 2013), je me devais de lire cette première enquête de l'inspecteur Joanna Linna. Comment avais-je pu le rater lors de sa parution ? De plus, le film vient de sortir dans les salles. Joanna est en quelque sorte un personnage secondaire par rapport à Erik, psy spécialisé dans les traumatismes aigus. Poussé par Joanna, Erik va hypnotiser Josef, un ado qui a assisté au massacre de sa famille, alors qu'il avait juré, 10 ans auparavant, de ne plus hypnotiser personne et tout s'enchaîne ! La 4ème annonce une intrique implacable (et originale), un rythme effréné, des personnages complexes, une écriture au cordeau et un suspens palpitant ; ce qui en fait un thriller de très haute facture. Coup de coeur pour ces trois polars !

vendredi 10 mai 2013

Mères anonymes, G.Raisson et M.Le Huche, Dargaud

Aux Mères Anonymes, les femmes viennent déverser leurs angoisses, leurs souffrances...liées à leur maternité. Et toutes les autres applaudissent pour se soutenir mutuellement.
Même si on y retrouve que le mauvais de cette situation ô combien naturelle, c'est drôle, très vrai, ça fait du bien et ça déculpabilise. Une idée pour la Fête des Mères ???

Chimichanga, E.Powell, Delcourt

Parce qu'une bien sympathique grand-mère m'a dit qu'elle allait offrir cette BD à sa petite-fille pour sa communion, je me suis penchée sur cet album que je croyais être destiné aux adultes...
Eric Powell, père de The Goon, s'est vu refusé l'adaptation de ce personnage en dessin animé. Qu'à cela ne tienne, il en a fait, pour le plus grand bonheur de son fils, un livre. Et pour notre bonheur également car, au-delà du côté prout de l'histoire, je n'ai cessé de penser à mon fils Hippolyte en le lisant - qui se réjouira dans peu de temps (il apprend à lire) de le lire lui-même - car tout y est pour lui plaire : humour, personnages irréels pour nous (mais pas dans sa tête), bagarres,... Merci Mme Marchal de m'avoir fait lire cette BD !

1502, M.Ennis, Le Cherche Midi


1502 : Alexandre VI, né Rodriguo Borgia, est pape. Son fils préféré, Juan Borgia, duc de Gandie, a été assassiné. Son frère, César Borgia, duc Valentino, est à la tête des armées papales pour récupérer les Etats de son père. Nous sommes à l'époque des condottieri, ces mercenaires italiens qui ne cessent de se vendre aux plus offrants pour assouvir leurs desseins guerriers et de fomenter complots et conspirations : les Orsini, les Vitelli, Oliverotto da Ferma,... 
Ce fut un réel plaisir d'entrer dans cet ouvrage respectant l'Histoire de cette année italienne où l'on côtoie César Borgia, bâtard papal ; Machiavel et Léonard de Vinci. Le plaisir s'est accru encore par tant de références aux « anciens » : Plutarque, Pétrarque, Boccace, Catulle, Sénèque, Cicéron, Virgile, Ovide, Tite-Live, Tacite, Suétone, Pline, Platon, Hippocrate, Archimède, Dante et Machiavel ! Merci à la « Fortuna », leitmotiv en quelque sorte de cette belle histoire, de m'avoir offert la chance d'avoir suivi des études gréco-latines et d'avoir pu ainsi savourer cette oeuvre de Michael Ennis dont chaque page vous fait vivre dans l'Italie du début du XVI° siècle (Il Cinquecento) ainsi que dans la littérature classique. 

jeudi 9 mai 2013

Pornographie du temps présent, A.Badiou, Fayard/France Culture

J'ai probablement voulu me la péter en lisant Alain Badiou, de surcroît une conférence qu'il a prononcée lors d'un Forum de Philosophie à la Sorbonne. Le résumé, j'ai compris. Le reste, rien. Je me suis simplement pris une belle claque !!!

Incurables, L.Kepler, Actes Sud

La ferme Birgittagärden est un centre de réhabilitation pour adolescentes déstabilisées et déstabilisantes. Miranda est retrouvée baignant dans son sang dans la chambre d'’isolement. Le cadavre de l'’infirmière de garde git dans la grange voisine. Tout est limpide pour les enquêteurs et tout accuse Vicky Bennet, une pensionnaire qui s’'est enfuie du centre au milieu de la nuit. L'’inspecteur Joona Linna de la Rikskrim, mis sur la touche, est dépêché sur les lieux en tant qu'’observateur. Il sera le seul à nier les évidences. L'’intrigue est originale (enfin !) et extrêmement bien ficelée, la psychologie finement observée, des personnages bien typés, quelques scènes insoutenables… qui font froid dans le dos : chair de poule et frissons garantis. 
Tout comme Le pacte, Incurables est un polar thriller impossible à lâcher. Coup de coeœur !