Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

vendredi 27 janvier 2017

Ce monde disparu, D.Lehane, Rivages poche

Dans ce roman qui clôt la trilogie commencée avec Un pays à l’aube, on se retrouve à Tampa, Floride, avec Joe Coughlin, chef de famille qui a passé la main à son second Dion Bartolo. Considéré comme un excellent conseiller pas vraiment rangé des affaires par les autres familles mafieuses, Joe devra louvoyer avec les uns et les autres qui rêvent de toujours plus de pouvoir et de fric et qui se prennent pour des dieux. Un de ceux-là a lancé un contrat sur Joe qui va devoir protéger son fils Tomas. Casinos, loteries, trafic de drogues, prostitution, racket ; chaque famille a son territoire à protéger et une vie vaut une vie. Avec Ce monde disparu, on retrouve un bon vieux roman de gangsters sur fond de Thompsons, aux personnages bien trempés et aux dialogues bien tournés. Nostalgie !

La veille de presque tout, V.del Arbol, Actes Sud

L’inspecteur Germinal Ibarra, après avoir résolu de façon très personnelle la disparition et le meurtre de la petite Samantha, retrouve sa Galice natale. En pleine nuit, il est appelé par l’hôpital suite à l’entrée aux urgences d’une femme grièvement blessée qui ne veut parler qu’à lui. Se greffent à cette histoire celle de Paola venue se réfugier dans un gîte isolé ; celle de Mauricio, un vieux chapelier argentin et son petit-fils Daniel ; celle de Dolorès la propriétaire du gîte et l’histoire de sa fille disparue depuis dix ans… Tous ces destins vont s’entrecroiser et chaque personnage tente de résoudre ses problèmes de tristesse, de culpabilité, de vengeance… car le passé a rejoint le présent. « Nous essayons d’échapper à notre destin sans nous rendre compte que nous allons droit vers lui. » et « Les rides sont les veines où coule le temps ». Une très belle maîtrise de l’intrigue et une narration pleine de profondeur et de gravité.
Commentaire de la libraire (parce que je l'ai lu aussi) : sans vouloir dénigrer le roman policier, cet auteur espagnol aurait toute sa place en littérature générale. Dans ce roman, pas d'intrigue en tant que telle mais du suspens et une lecture de l'être humain malheureusement très pertinente. 

mardi 24 janvier 2017

Le corps de la langue, J.Bosc, Quidam

Poème érotique, sensuel, cru, autour de la langue, du corps, du corps de la langue et de la langue du corps. Où les vides et les pleins se mêlent et s'entremêlent. A lire. Assurément.

lundi 23 janvier 2017

Article 353 du Code pénal, T.Viel, Minuit

Martial Kermeur se retrouve dans le bureau d'un juge d'instruction, après la macabre découverte d'un corps tombé à l'eau. Il raconte, se raconte... C'est juste, tellement juste. Réaliste au possible. A lire. Et à lire jusqu'au bout.

Danser au bord de l'abîme, G.Delacourt, Lattès

Un page turner autour de la narratrice, tombée follement amoureuse d'un seul regard, ou plutôt au départ d'un simple geste. Après, des sentiments, de petites phrases bien senties pour en faire un roman efficace qui touche, bouleverse inévitablement. 

vendredi 20 janvier 2017

La cheffe, roman d'une cuisinière, M.Ndiaye

Elle était une cuisinière hors pair aux recettes repensées et aux saveurs retrouvées. C’est à travers le récit d’un de ses commis que nous faisons connaissance avec « La Cheffe », personne simple, humble, allant jusqu’à l’abnégation, ne sachant guère lire et écrire, mais dotée d’une créativité instinctive et ne vivant que par et pour sa cuisine. Le style est sinueux et travaillé, les phrases longues, complexes et savamment construites, le mot juste et riche et on se pourlèche les babines tant littéraires que culinaires. A savourer lentement !

Scène de crime virtuelle, P.May, Babel

Michaël Kapinsky reprend son travail de photographe à la police scientifique de Newport Beach. Il n’arrive pas à faire son deuil après la mort de son épouse Mora et il est criblé de dettes. Sa psy lui conseille de télécharger le logiciel « Second Live » pour participer à des échanges virtuels, ce que fait Michaël qui se choisit alors un « avatar ». Ça nous change de la « Trilogie écossaise » et des îles Hébrides. La surprise est de taille et m’a laissé perplexe en tombant dans ce genre de roman où l’on entre dans un monde parallèle et où l’on se choisit une existence virtuelle proche des jeux vidéo. Je me suis néanmoins laissé prendre au jeu … tant qu’à faire ! Original !!!

Une illusion d'optique, L.Penny, Actes Sud

Clara Morrow, la cinquantaine, connaît enfin la consécration en exposant ses œuvres, en solo, au Musée d’Art contemporain de Montréal. Le bonheur sera de courte durée car, le lendemain du vernissage et de la fête chez les Morrow, une femme est retrouvée morte, le cou tordu (et coup tordu pour l’artiste) dans leur jardin. L’inspecteur chef Armand Gamache et son équipe sont dépêchés à Three Pins, petit village et ses habitants que les policiers connaissent bien. Gamache et sa famille étaient d’ailleurs au vernissage de leur amie Clara. Avec Louise Penny, on retrouve le roman policier traditionnel, reposant, à la psychologie fine et à un inspecteur politiquement correct et policé. L’auteure canadienne en profite pour plonger le lecteur dans le domaine artistique : peintres, galeristes, marchands d’art, ainsi que dans le monde des alcooliques (anonymes). Encore une fois, un très bon moment de lecture.

Prendre les loups pour des chiens, H.Le Corre, Rivages

Coup de coeur du Mari de la libraire. En cela rien d'étonnant, après l'avoir lu également. Roman noir. C'est exactement cela. Franck sort de prison. La compagne de son frère vient le chercher... L'homme dans toute sa noirceur. 



Irena T1, J.D.Morvan, S.Tréfouël, D.Evrard, Glénat

Premier tome d'un cycle de 3 autour de la figure d'une belle personne, Irena, qui a fait ce qu'elle a pu pour apaiser les souffrances de la guerre, dans le Ghetto de Varsovie. Hâte de découvrir la suite.


La chair, R.Montero, Métailié

Soledad, 60 ans, prend un escort boy pour se venger de son amant précédent. Tombera-t-elle amoureuse ? Et lui ? Pourquoi pas ? La différence d'âge, la déchéance du corps, la vie... 

jeudi 12 janvier 2017

L'enfant qui mesurait le monde, M.Arditi, Grasset

Le petit Yannis a 11 ans et est autiste. Il mesure les choses : les clients du bistrot, ceux qui sont en terrasse et ceux à l’intérieur ; l’ordre de rentrée des bateaux de pêche et le poids des poissons attrapés. Il compare les chiffres de la veille avec ceux d’aujourd’hui et des autres jours : il calcule l’ordre du monde. Maraki, sa mère, est séparée de son mari et l’élève seule. Eliot, un architecte retraité venu sur l’île pour l’enterrement de sa fille morte dans un accident stupide, va y rester pour continuer les recherches que sa fille a entreprises. Attendri par Yannis, il propose à Maraki de s’en occuper quand elle part chaque jour à la pêche à la palancre. Dans cette petite île de la mer Egée touchée par la crise, Arditi nous offre un récit émouvant plein de tendresse et d’amitié. Très très beau roman qui fait réfléchir sur les priorités et le sens de la vie.

La jeune épouse, A.Baricco, Gallimard

Italie, début XXème S. Les Maîtres : le Père, la Mère, l’Oncle, la Fille et le Fils de 21 ans parti en Angleterre : famille à la vie ritualisée sous l’œil attentif de Modesto, le majordome. Arrive la Jeune Epouse de 18 ans, celle qui vient d’Argentine et qui doit épouser le fils absent. Tout est particulier chez Baricco : les personnages, l’atmosphère, le récit, le(s) narrateur(s) et surtout le style surprenant. Même s’il y a quelquefois des digressions superfétatoires, qui doivent parfois se clore par 4 fermetures de parenthèses, on est porté par une langue parfaite.  La Jeune Epouse est un roman plein de sensualité plus que de libertinage qui nous plonge dans une espèce de conte philosophique et de traité d’écriture. Ce fut une très agréable et plaisante lecture.

Le pacte du petit juge, M.Gangemi, Seuil

C’est la 2ème enquête du « petit juge », Alberto Lenzi, bon vivant et coureur de jupons. D’un côté, il y a la révolte des journaliers noirs surexploités par les propriétaires des orangeraies et des oliveraies de cette région calabraise ; de l’autre, la disparition inexpliquée d’une cargaison de cocaïne dans le port. Le petit juge devra, une fois de plus, évoluer dans le milieu de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise. Dans une traduction très agréable, on savoure le style libre, léger, imagé et pittoresque de Gangemi : ses comparaisons, ses métaphores, les paraboles de Don Mico et les dialogues savoureux. Plaisir de lire et en attente de la suite.

Aller simple pour Nomad Island, J.Incardona, Seuil

Iris, épouse d’un banquier suisse et mère de deux enfants, s’ennuie ferme dans sa luxueuse villa au bord du lac Léman. Elle cherche sur Internet des sites de clubs de vacances quand un message apparaît sur l’écran : « L’île de vos rêves vous aime déjà, Iris… ! » Et c’est parti pour 7 jours dans cette île paradisiaque de l’océan indien. Un paradis vraiment ? Et si la tentation pour Paul, le mari, et son fils était celle de vouloir s’en échapper ? « Il est où le bonheur ? » et c’est quoi le bonheur ? On plonge avec plaisir, et parfois malaises, dans cette satire sociale !

Le port secret, M.Oruna, Actes Sud

Oliver Gordon quitte ses amis et son cher Londres pour rejoindre un village côtier de Cantabrie (nord de l’Espagne). Il est en train de rénover l’imposante maison familiale qu’il a hérité de sa mère espagnole. Mais, à peine arrivé sur place, les ouvriers découvrent dans les fondations le cadavre d’un bébé à demi momifié accompagné d’une amulette aztèque. Ensuite, se succèdent l’assassinat d’un vieil homme et d’un médecin paisible. Le lieutenant Valentina Redondo aux yeux vairons et son équipe se chargent de l’enquête, persuadés que ces événements ont un lien, mais lequel ? L’auteure utilise une intrigue en alternance : d’un côté, l’enquête elle-même et de l’autre un journal anonyme qui raconte le passé de la vieille maison et des faits qui remontent au temps de la guerre civile. Le style est franchement agréable et les personnages « intéressants » mais l’intrigue n’est pas spécialement palpitante ! Un bon moment !

Au commencement du septième jour, L.Lang, Stock

Thomas a 37 ans, marié à Camille. Ils ont deux enfants : Elsa et Anton. Ils sont informaticiens tous les deux et sont sur de gros projets. Camille doit revenir le week-end pour fêter leur anniversaire de mariage. Au milieu de la nuit, un coup de téléphone : Camille a eu un accident, elle est dans le coma. Thomas ne comprend pas : que faisait-elle sur cette route au milieu de la nuit ? Commence alors pour Thomas une quête : se retrouver, retrouver son frère dans les Pyrénées natales ; y fusionner avec la nature sauvage. Et puis, retrouver sa sœur Pauline, exilée volontaire dans la jungle camerounaise. Arrivera-t-il à se réconcilier avec lui-même ? Roman long et difficile fait de cogitations, de souvenirs, d’anecdotes, de descriptions, d’introspections, de questions… Je suis finalement arrivé au bout en me disant que j’ai dû passer à côté de quelque chose parce que je ne suis jamais vraiment rentré dans ce roman. Dubitatif !

mercredi 11 janvier 2017

Le dernier des nôtres, A. de Clermont-Tonnerre, Grasset

Manhattan, années 70, Werner Zilch, jeune entrepreneur, tombe follement amoureux de Rebecca. Elle sera sa LFDMV (la femme de ma vie). Dresde 1945, c’est le bombardement : une femme accouche d’un bébé, malgré ses blessures. Il sera recueilli par Marthe, la belle-sœur.
Le roman est donc construit en alternance : deux moments, deux endroits mais qui devront nécessairement se retrouver. Des personnages forts tout comme leurs sentiments : amour passion, haine, amitié, vengeance… un style libre, un ton tantôt léger et tantôt grave, une intrigue mêlée de tragédie, une narration bien rythmée… tout ce qui fait qu’on prend beaucoup plaisir à lire ce roman.

Je sais pas, B.Abel, Belfond

Emma, 5 ans, disparaît dans la forêt lors d’une excursion scolaire. Son institutrice, Mylène, part à sa recherche ! Pour le reste « je sais pas » et vous devrez le lire pour savoir… « Ce thriller est d’une perversion diabolique et passionnante » (Le Soir, Livres, J-C Vantroyen) même si on anticipe quelque fois l’impossible. Des personnages extrêmement bien typés : Camille, la mère, qui s’ennuie de sa situation trop sécurisée et du train-train quotidien bien réglé ; Patrick, le père, professeur à la Fac, sûr de lui, dénué de toute empathie et qui se complaît dans le bonheur de la famille parfaite ; Emma, leur jolie fille de 5 ans, capricieuse, condescendante et maligne, et puis tous les autres... Tout comme l’auteure belge elle-même : une figure d’ange peut-elle cacher un cœur de démon ? Une fois le livre fermé, on reste là pantelant et tout retourné !

Transcolorado, C.Gucher, Gaïa

Roman singulier d'une femme singulière dont la trajectoire de vie va être modifiée par la rencontre avec un homme. Si, pour moi, le récit est un peu trop rapide, il n'en est pas moins touchant et attachant. 


Lux, M.Mayeras, A.Carrière

Il est des romans que l'on regrette d'avoir conseillés, sans les avoir lus, sur base d'un article ou l'autre. 
Fallait-il mettre tous ses oeufs dans le même panier ? Ou plutôt, toutes ses idées dans le même livre ? Mauvaise pioche...