Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mercredi 29 février 2012

Les monstres de Mayuko, M.Caillou, Dargaud


Bande dessinée à l'esthétique japonisante particulièrement réussie (on aurait envie d'en extraire quelques planches pour les accrocher au mur).
Après avoir renversé deux statuettes porte-bonheur, Mayuko devient fiévreuse. Le cauchemar commence...
BD plus violente qu'il n'y paraît : à ne pas mettre entre de trop jeunes mains.

mardi 28 février 2012

Il faux en finire avec l'ensaignement des langue, E.Romero-Munoz, Presses Universitaires de Namur


Provocatrice ou titilleuse comme je peux l'être, ce genre de titre accrocheur me met l'eau à la bouche ! Et pourquoi pas en finir avec l'enseignement tout court, quand on voit où il va ? Je blague ! (ou presque)
Enfin, pour en revenir au livre, son discours se tient (et peut s'étendre aux autres matières), certaines idées sont à creuser, d'autres points sont à mettre de toute urgence sur le tapis.
Ce livre perd toutefois de sa crédibilité quand on voit le nombre de fautes (de français) qui le truffent ainsi que d'évidents problèmes de césure.
5,00 pour réfléchir et ouvrir le débat, ce n'est cependant pas la mer à boire.

Les séparées, K.Davrichewy, S.Wespieser


Alice et Cécile ont 16 ans et elles sont les meilleures amies du monde : une amitié fusionnelle pure et sincère. Trente ans plus tard, Alice petit-déjeune seule dans un café parisien en se retraçant dans sa tête leur parcours à toutes les deux. Cécile est dans un semi-coma à l'hôpital et elle refait mentalement la même chose. Pour les deux, le problème est de comprendre la raison de leur rupture amicale. Ce roman à deux voix est fait de remémorations, de réminiscences, de souvenirs tantôt agréables, tantôt tristes. « Toutes deux vivaient dans un monde parallèle où se cotoyaient des idoles et des êtres sortis de leur imaginaire? » mais, un jour, il leur faudra se heurter à la réalité et il est nécessaire parfois de comprendre le passé pour guérir le présent !
Un roman écrit dans un style très agréable, empreint de profondeur et de féminité.

Pièce détachée, P.Aspe, Albin Michel


Cette neuvième enquête du commissaire Van In commence par un banal home-jacking, un auriculaire arraché, la disparition d'un garçon d'écurie, l'incendie d'un centre équestre. Van In et Hannelore vont devoir démêler tous les liens qui se sont tissés entre les nombreux pro et antagonistes. Nous sommes toujours à Bruges, les réparties sont pleines d'humour et les situations plus émoustillantes qu'à l'ordinaire : une petite récréation.

Le tribunal des âmes, D.Carrisi, Calman-Lévy


Je n'avais jamais compris pourquoi je n'étais pas entrée dans Le chuchoteur (précédent roman traduit en français de cet auteur italien à succès) et, après la lecture de ce nouveau thriller, je pense que je ferais bien de reprendre le premier.
Efficace est le mot qui sied le mieux à ce roman : dès les premières pages, on est happé par l'intrigue pour ne plus quitter le livre avant la dernière page. Et on en redemanderait ! Pas sûre que ce soit véritablement un compliment, mais je qualifierais ce roman de "DanBrownesque".
Merci à l'auteur pour cet agréable moment de lecture et merci au Vatican et à l'église catholique d'exister car, sans eux, nombre de romans policiers - dont celui-ci - n'existeraient pas. Au coeur de cette enquête, l'existence occulte de pénitenciers...

jeudi 23 février 2012

Aliénation et accélération : vers une théorie critique de la modernité tardive, H.Rosa, La Découverte


En 2010, paraissait en français un premier ouvrage de ce philosophe et sociologue allemand, intitulé Accélération : une critique sociale du temps. L'un de mes clients m'en avait conseillé la lecture mais je ne m'en étais pas sentie capable.
Aujourd'hui, il publie un nouvel essai qu'il était temps (hi hi hi) que je lise. En gros, il dit que, bien que de nouvelles technologies soient apparues pour nous faire gagner du temps, il est évident que nous n'en gagnons nullement. Voire que cette accélération du temps nous aliène.
En détails, je vous conseille de lire cet ouvrage qui n'est certes pas facile mais accessible en prenant son temps (hi hi hi - encore).
Chose que je ne fais pratiquement jamais : je vais reprendre un extrait du livre qui me semble emblématique de son propos et qui, en tout cas, résonne en moi : puisque la "digestion" demande trop de temps et que nous ressentons un besoin impérieux et croissant de rattraper le retard temporel, nous compensons de plus en plus la consommation irréalisée par le shopping. C'est bon pour l'économie, mais c'est mauvais pour la vie bonne - et c'est de façon évidente un point de départ prometteur pour revisiter le concept de "faux besoins".

Cadix ou la diagonale du fou, A.Perez-Reverte, Seuil


Roman historique, maritime, social et policier
1811 : l'Espagne est occupée par les troupes françaises et Joseph Bonaparte est sur le trône. Cadix, la libérale, tapie derrière ses remparts, résiste aux coups des canons français tirés du Trocadéro. L'intrigue est scandée par le destin de différents personnages : un policier brutal et corrompu qui tente d'arrêter l'assassin de jeunes filles mortes torturées par une espèce de tueur en série ; un taxidermiste espion ; un médecin légiste expert aux échecs et philosophe à ses heures ; un artilleur français qui passe son temps à calculer la portée de ses obus et bombes ; une jeune femme armatrice et spéculatrice qui tente de résister aux aléas de la guerre et de la mer ; un commandant corsaire prêt à risquer sa vie par amour. Tout ce beau monde constitue l'univers de ce roman plus d'atmosphère qu'à suspens.
Récit agréable à lire bien que l'on se perde parfois dans les états d'âme et les questions métaphysiques des uns et des autres.

mercredi 22 février 2012

Bon rétablissement, M.S.Roger, Le Rouergue


Après deux lectures infructueuses (mêmes pas terminées), me revoilà pour le dernier roman de Marie-Saine Roger (auteure du très drôle Vivement l'avenir).
Ici, c'est Jean-Pierre, septuagénaire sauvé de la noyade par un jeune homme, qui va nous raconter son séjour à l'hôpital.
Même si j'ai moins apprécié ce roman que son précédent, je ne l'ai quand même pas lâché et j'ai passé un excellent moment en présence des jeux de mots et autres tournures de phrases pas piquées des vers que l'auteure peut nous servir.
Parfait pour un Bon rétablissement !

jeudi 16 février 2012

Permettez-moi d'être choquée


Ce matin, la personne devant moi à la caisse du Petit GB d'Arlon achetait le produit représenté ci-dessus : du lait spécial chats.
Primo : je ne savais pas que cela existait.
Deuxio : cette petite bouteille de 200 ml (bonjour, le packaging non-écologique !) est vendue 1,02. Pratiquement 10 X le prix d'un litre de lait pour humains.
Tertio : no comment !

La petite dame en son jardin de Bruges, C.Bertin, Babel


Choisi par l'un de nos lecteurs pour la prochaine soirée littéraire (celle de ce soir - 16/02), j'étais persuadée d'avoir déjà lu ce texte il y a longtemps. Mais, aucun souvenir de sa potentielle lecture. Alors, mea culpa. Il était grand temps que ce classique de la littérature belge fasse partie des miens.
Charles Bertin nous raconte sa grand-mère et les étés passés auprès d'elle. La découverte de Bruges, ensemble. La découverte de la lecture, ensemble aussi. L'émerveillement face à la mer.
Un petit texte pour un grand livre !!!

mardi 14 février 2012

Veritas, Monaldi et Sorti, Plon


Veritas est d'abord un très sérieux manuel d'histoire, une espèce de chronique ou de fresque qui nous plonge dans la politique européenne de 1711. De longues (très longues) descriptions des monuments et sites de la Vienne du XVIIIe, la vie quotidienne, les intrigues et les alliances politiques, Maximilien, Soliman, Joseph Ier et tout cela dans une langue recherchée au vocabulaire pointu : c'est un récit qui brille par son érudition : 14 références musicales, 20 pages de notes et 349 références bibliographiques qui devraient ravir les amateurs d'Histoire.
La 4ème de couverture annonce un « polar nerveux » et un « suspens irrésistible », mais, arrivé à la 170ème page, toujours rien ! Malgré l'écriture très soignée, mon impatience a été gagnée par la stagnation de l'intrigue et par un ennui profond. Sans doute aurais-je dû être un lecteur plus persévérant ?

Les harmoniques, M.Malte, Gallimard


Vera Nad, 26 ans, croate, ne rêve que de théâtre. Elle s'est réfugiée à Paris où elle tente de percer. Un beau matin son corps est retrouvé incendié dans un entrepôt désaffecté. L'enquête est vite bouclée et les deux assassins, petites frappes, petits dealers, sont arrêtés sans problème. Mais tout paraît trop simple pour Mister, pianiste noir, et pour son vieil ami, Bob, chauffeur de taxi. Les deux comparses vont mener une enquête personnelle.
Tant à travers les deux personnages émouvants et complices de Mister et Bob, que dans cette intrigue jazzique à l'écriture toute empreinte de musicalité et de tempo, on revisite la guerre des Balkans et ses horreurs, ses bourreaux et les massacres ethniques. Mister et Bob, personnages profondément honnêtes et naïfs, vont se frotter à la corruption et aux magouilles de la haute sphère politique française où l'ambition, le pouvoir et l'argent pourrissent tout.
Pour Mister, les « harmoniques », c'est la mélodie qui reste en tête, comme une espèce de prolongement de plaisir, après que le musicien ait fini de jouer et moi, j'ai vraiment ressenti les harmoniques de ce roman pour lequel j'ai vibré. « Everytime we say goodbye » (Cole Porter, Coltrane, Nina Simone, Hammond et les autres.)

samedi 11 février 2012

(R)évolutions, L.Astruc, Actes Sud


Je n'avais encore jamais fait de pile avec un essai. Voilà donc le premier de ce genre que je vous proposerai en masse (il sort dans quelques jours).
Lionel Astruc et 16 collaborateurs font le tour des sujets (construction, urbanisme, agriculture, alimentation, justice, éducation,...) pour nous montrer ce qu'il est possible de faire pour amener l'humanité et la planète vers un monde vivable, meilleur.
Des pistes, pour nous citoyens. Mais également, pour nous électeurs.
Un ouvrage réjouissant, exaltant, positif qui nous dit que la situation est grave mais peut-être désespérée et qui nous pouvons (devons ?) agir.

jeudi 9 février 2012

L'iguane, D.Thériault, Naïve


Deux garçons à l'histoire difficile se lient d'amitié. Alors que le plus jeune refait surface en même temps que sa maman revient à la vie et que l'on croit l'autre tirer d'affaire grâce à cette nouvelle famille, une terrible révélation va emmener ce dernier loin dans les profondeurs de sa douleur et de l'océan qui les entoure.
Une histoire d'amitié, d'amour, de mort mêlant le réalisme et le fantastique et me laissant un sentiment de profond respect.

mardi 7 février 2012

A défaut d'Amérique, C.Zalberg, Actes Sud


Après l'enterrement d'une vieille dame, deux narratrices vont raconter l'Histoire du XXe siècle, en remontant le temps de leur histoire familiale.
Malgré des tournures de phrases parfois complexes et le fait que je me suis quelques fois perdue dans les personnages, j'ai apprécié ce récit dur et vrai de la réalité du monde : les familles font ce que nous sommes, l'Histoire aussi.

Betty, A.Indridason, Métailié


Avec Bettý, Indridason fait l'impasse avec son commissaire fétiche Erlandur Sveinsson. Mais le lecteur fan ne sera pas déçu parce qu'il découvre une intrigue en « je » implacable où le narrateur qui se retrouve en détention préventive pour un meurtre qu'il crie n'avoir pas commis n'arrête pas de l'interpeller : « Comment ai-je pu laisser cela se produire ! ».
Et moi, lecteur, je me suis pris une gifle en pleine figure (avec un « Et merde ! » retentissant) en lisant la 1ère phrase du 18ème chapitre, p. 113 ! et en me disant « Comment ai-je pu me laisser mystifier autant par l'art de l'auteur que par celui de son traducteur pendant une moitié de roman ? ».
Indridason s'est imposé un exercice de style impeccablement réussi. Petit clin d'oeil à James Cain, « Le facteur sonne toujours deux fois. » ??? En tout cas, Bettý est un véritable petit chef d'oeuvre de roman noir.

vendredi 3 février 2012

Smog, J.Harlay, Belfond


La Ville de Marche et la Province de Luxembourg organisent, pour la première fois, un Prix du deuxième roman.
6 romans ont été préselectionnés (voir colonne de droite). Ils sont maintenant soumis à l'appréciation du public, constitué en un grand nombre de comités. Vote et désignation du lauréat le dimanche 13 mai.
Je fais partie de l'un de ces comités et je viens de terminer mon premier roman : Smog.
Afin de ne pas influencer les votants qui liraient mon blog, je ne vais pas, ici, donner mon avis. Ceux qui le voudront me le demanderont personnellement.

jeudi 2 février 2012

Quelque chose dans la nuit, M.Ollivier, Le Passage


Vous connaissez « Something in the night » de Bruce Springfield ? Eh bien! La moitié du roman tourne autour du chanteur et de ses concerts à travers l'Europe et les USA. Tous les protagonistes sont des fans vraiment accros de la star et se sont déjà retrouvés à un nombre impressionnant de ses tournées.
Guillaume Le Guen, commissaire de police à Montpellier et Damien son frère, maréchal des logis, sont confrontés à la disparition (suicides, meurtres, ac-cidents ?) de 6 personnes de leur groupe de passionnés de la star. Qui peut leur en vouloir ? Au-delà de ce mystère existe également de petites enquêtes routinières pour Guillaume.
Les problèmes psychologiques des différents intervenants sont également largement évoqués. Chacun son jardin secret !
Dommage que l'éditeur n'ait pas fourni avec le livre un CD des chansons de Springfield qui aurait pu plonger le lecteur dans le monde musical du roman.
N'ayant jamais participé à un concert live, j'ai pu entrer dans ce monde inconnu (le « pit », les bracelets, les queues, l'excitation, les après concerts?). Polar original et intéressant !

Loup, que fais-tu ?, Y.Méhat et L.du Faÿ, Milan J


Yes ! En voilà un autre ! Deuxième coup de coeur jeunesse de ce début d'année !
J'aime toujours, lorsqu'ils sont réussis, les albums qui détournent les contes classiques. Ici, vous l'aurez reconnu : le Petit Chaperon Rouge, petite fille bien maligne qui découvre à chaque fois la cachette du loup.
Le texte est parfois un peu dur à lire mais sa répétition est efficace et surtout, la chute est drôlissime.
Un tout petit bémol : la qualité de l'impression ne m'a pas parue à la hauteur de cet album.

mercredi 1 février 2012

Le mille-pattes, J.Gourounas, Le Rouergue


Même s'il m'a un peu fait penser au travail d'Hervé Tullet, cet album qui montre aux enfants comment dessiner un mille-pattes est drôle, intelligent, plein de surprises et de bonheur.
Un bon moment de franche rigolade avec mon fils et de nouvelles idées de dessin pour lui !

Le chant de mon père, Keum Suk Gendry-Kim, Sarbacane


Bande dessinée en noir et blanc pleine de tendresse dans laquelle une jeune femme raconte son enfance et son adolescence en Corée. Récit, parsemé des faits historiques de cet étrange pays maintenant divisé en deux, d'un vie pauvre et difficile qui mènera cette famille à l'exil en France mais également histoire d'une famille aimante, respectueuse des traditions et de la transmission.
On en garde de belles impressions et sensations !