Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

vendredi 29 janvier 2010

Rapport de police, M.Darrieussecq, POL


A-t-on le droit de tout écrire? Les thèmes littéraires, les idées, les situations, les métaphores, les mots flottent-ils dans l'air du temps? Appartiennent-ils à tout le monde? Peut-on écrire sur certaines expériences humaines extrêmes (le camp, le goulag, le deuil d'enfant) si on ne les a pas vécues? Qu'est-ce que le style? Se vole-t-il, lui aussi?

Marie Darrieussecq a consacré deux années de sa vie à l'écriture d'un essai sur le plagiat pour tenter de répondre à ces questions. Mais aussi et surtout pour tenter de se disculper face aux accusations de plagiat qu'ont portées contre elle deux auteurs femmes de sa génération, Marie NDiaye (qui a parlé de "singerie") et Camille Laurens ("plagiat psychique"). Kafka, lui, ne s'est finalement jamais manifesté pour dire que Truismes, le best-seller de Darrieussecq, ressemblait un peu trop à La Métamorphose (sans doute parce qu'il n'est pas une femme de sa génération).

Alors, ce Rapport de police? Dans des va-et-vient constants entre psychanalyse, histoire du communisme et analyse littéraire, Marie Darrieussecq met sur le même plan le bouillonnement d'idées qui a accompagné la naissance de la psychanalyse autour de la figure pivot de Freud, la blessure narcissique de la veuve d'un poète qui fut proche de Celan, l'instrumentalisation politique de la notion de plagiat sous Staline, la fatwa qui a pesé sur Salman Rushdie et... sa petite personne.

On a mal pour elle à la voir s'enferrer dans les amalgames et les approximations. D'où tire-t-elle sa science et ses certitudes? Est-elle une spécialiste de la poésie allemande? Pour juger de l'éventuel plagiat de Goll par Celan, elle ne cite que des traductions. Pas un mot d'allemand. Pour juger des plagiats des écrivains soviétiques, pas un mot de russe. Extrême rigueur scientifique! On a tout aussi mal de voir la psychanalyste (car elle se présente comme telle) se moquer (oui, se moquer) des personnalités délirantes qu'elle diagnostique sauvagement. La critique littéraire et la psychanalyse sont passablement malmenées, et le lecteur est mis à rude épreuve.

Oui, vraiment, la question se pose: a-t-on le droit de tout écrire?

Juste un petit commentaire de ma part : je n'ai pas lu ce livre. Je n'en ai pas du tout envie. Je ne soutiens aucunement ce genre de texte : règlement de compte ou pas, cela m'agace. Merci à Emma de l'avoir lu pour moi.

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