Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

vendredi 15 janvier 2010

Trois femmes puissantes, M.NDiaye, Gallimard


Voici un livre paradoxal. D'abord, ce Goncourt du roman est un recueil de trois nouvelles. Ensuite, les trois personnages principaux sont deux femmes et un homme. Enfin, ils n'ont rien de puissant. Bref, on pourrait se dire qu'il y a tromperie sur la marchandise.
... Sauf que le livre n'est pas une marchandise (celui-ci encore moins qu'un autre), et qu'il faut y regarder de plus près. Je n'ai pas envie de dévoiler quoi que ce soit du sujet. Disons que cela parle de l'Afrique, de la femme, de la relation parent-enfant, mais, en fait, cela n'a pas d'importance. Le thème est ailleurs, et ne se dévoile que pas à pas au lecteur peu pressé.
Plusieurs fils rouges passent d'une nouvelle à l'autre. Premier fil: les personnages sont apparentés, à un degré ou à un autre. Franchement, c'est le lien le plus visible, mais aussi le plus lâche et le plus insignifiant.
Deuxième fil: le style étrange. De longues phrases complexes qui s'enroulent, halètent, reprennent, s'interrompent, parfois presque bancales, parfois très inspirées, avec un vocabulaire qui m'a semblé trop précieux par endroit et des répétitions inutiles ou insolites, mais une voix, ça oui, une voix reconnaissable entre toutes. Suivant l'auteur dans ces méandres, on finit par comprendre que de tels détours sont nécessaires pour nous faire épouser le déroulement de la pensée, des sentiments et des émotions, bref le flux de la conscience des personnages.
Troisième fil: la présence récurrente d'oiseaux, à la fois réels et allégoriques, qui donnent à ces trois portraits intérieurs une dimension poétique, voire métaphysique.
Enfin, cette idée, subtile et à laquelle on ne parvient qu'après réflexion: que les trois principaux protagonistes trouvent la puissance annoncée dans le titre, eux qui sont faibles parmi les faibles, dans leur cheminement intérieur et dans un lâcher-prise sublime qui les rend plus grands que leur destin.
Si la langue m'a parfois agacée et a parfois fait écran à ce que le livre avait à me dire de la nature humaine, j'ai finalement, malgré mes réserves, beaucoup aimé ces paysages avec oiseaux et, surtout, cette puissance dans le lâcher-prise.

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