Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

samedi 30 juin 2012

Les lumières de septembre, C.Ruiz Zafon, R.Laffont

Dans la même veine que Le prince de la brume et du Palais de minuit, ce 3ème roman est paru en espagnol en 1996 et est destiné, comme les deux premiers, autant aux ados qu'aux adultes. Ce 3ème volet indépendant des deux autres est une espèce de conte fantastique où les pantins, les automates et les ombres hantent l'impressionnante demeure de Gravenmoore où vit Lazarus Yann, célèbre inventeur de jouets et s'en prennent également à la famille Sauvelle récemment installée à la Villa du Cap en Normandie. 
Du pur « fantastique », qui semble être un style que Ruiz Zafon maîtrise parfaitement et on se laisse prendre au jeu de l'ombre !

Les neuf dragons, M.Connelly, Seuil - Points

On retrouve Harry Bosch dans une enquête de meurtre : celui d'un boutiquier chinois. Vengeance ou racket d'une Triade chinoise ? Bosch en fait une affaire d'honneur, surtout que les temps sont calmes. Après l'arrestation d'un suspect chinois, il reçoit des menaces anonymes pour qu'il laisse tomber l'affaire et ensuite une vidéo de sa fille Madeline qui vit avec sa mère à Hong Kong. Elle a été kidnappée et l'appelle au secours. C'en est trop, il part pour tenter de sauver sa fille de 13 ans et pour la ramener à Los Angeles mais il y a des erreurs qui se paient cher, très cher ! 
Polar pas très original qui doit néanmoins son intérêt aux relations père-fille. Connelly fatiguerait-il ? Plaisant, sans plus !

La comtesse de Ricotta, M.Agus, Liana Lévi

Moins noir que Mal de pierres, le dernier roman d'Agus est une brève histoire de trois soeurs désargentées, issues de la noblesse sarde, qui vivent dans leur « palazzo » familial quelque peu délabré et morcelé en appartements. Trois soeurs totalement différentes : la Ricotta, rêveuse et maladroite ; Maddalena la sensuelle en mal d'enfant et ce n'est pas faute d'essayer ; Noemi, la sèche et pragmatique vieille fille. C'est un monde de femmes même si l'un ou l'autre mâle s'immisce dans leur vie. 
Ecriture féminine au style un peu léger mais poétique à la 3ème personne, qui fait du lecteur un spectateur quelque peu détaché. « Personne n'aime pour de vrai, et quand on aime ce n?est pas avec passion, c'est toujours pour une raison. » : tonalité fataliste face aux manques affectifs des trois femmes. Agréable entracte d'une soirée vernale au ciel plombé.
Commentaire de la libraire : lu par moi précédemment et approuvé.

L'attente de l'aube, W.Boyd, Seuil

Nous sommes en 1913, presque à la veille de la Grande Guerre. Le comédien anglais Lysander Rief, 27 ans, est à Vienne pour soigner un problème d'anorgasmie chez le docteur-psy Bensimon, disciple de Freud. A la suite de péripéties amoureuses, Lysander parvient à échapper à la justice autrichienne grâce à deux diplomates anglais. Il deviendra leur obligé et celui de la couronne anglaise qui a payé sa caution et sera enrôlé malgré lui comme espion. L'attente de l'aube est un cocktail dont les ingrédients "passion amoureuse, voyages en Europe, quelques aventures, un soupçon d'espionnage, un zeste de gin allongé de whisky" - se mélangent dans le shaker clair obscur comme l'aube. 
« plus je semblais en savoir, plus clarté et certitudes diminuaient et s'effaçaient. A mesure que nous avançons dans l'avenir, le paradoxe deviendra plus clair - clair et obscur, obscurément clair. Plus nous savons, moins nous savons. » (p. 403) 
Les descriptions des êtres et des choses se révèlent être pleines de saveurs subtiles et l'intrigue m'a fait penser à du Ken Follet plus léger et détaché de la réalité. 
Un très agréable moment dans une ambiance très british !

vendredi 22 juin 2012

Même en terre, T.Sandoz, Grasset

Récompensé par le prix Schiller (plus ancien prix littéraire en Suisse), ce roman m'a tout à la fois séduite et déroutée. L'écriture était idéale pour nous raconter, sans fausse pudeur ni mièvrerie, l'histoire d'un homme chargé de s'occuper d'un cimetière pour enfants. Se mêlent alors dans le récit le passé de cet étrange personnage et les histoires réelles ou peut-être inventées de ces petits protégés.

jeudi 21 juin 2012

Les ballons d'hélium, G.Polet, Gallimard

Une écriture ardue et envoûtante à la fois, faite de longues phrases hachées pour une histoire à laquelle ma raison n'entend rien. Ariana a, très jeune, aimé un homme plus âgé qu'elle. Il disparaîtra brutalement de sa vie après 10 jours d'idylle. Elle ne s'en remettra jamais. 

Europa blues, A.Dahl, Seuil

Après des premiers chapitres quelque peu déstabilisants : un individu dévoré par des gloutons, une fillette touchée au bras par une balle perdue, un inspecteur suédois sur un plage toscane qui tente de partager cinq pastèques en sept parts, huit demandeuses d'asile de l'Est qui disparaissent en pleine nuit, tout se met alors en branle et s'enchaîne. On sympathise rapidement avec les policiers enquêteurs du groupe A (Unité spéciale pour crimes de catégorie internationale) et on suit avec de plus en plus d'intérêt les étapes de l'enquête. Le suspens va croissant et l'intrigue vous accapare totalement. 
Polar original et très plaisant.

mercredi 20 juin 2012

Sexy soit-elle, M.Vaillant, Les Liens qui Libèrent

A l'instar du livre de Mona Chollet présenté il y a quelques temps, je pensais que cet essai en remettrait une couche sur la situation des femmes et surtout des filles et des jeunes filles dans nos pays occidentaux. Il m'a plutôt semblé y trouver des clichés et poncifs sur les femmes et les hommes, la féminité, le féminisme,... Une femme séduisante doit-elle nécessairement être idiote et, à l'inverse, une femme affirmée devrait-elle forcément ressembler à un homme ?

mardi 19 juin 2012

Le dernier contingent, Alain Julien Rudefoucauld, Tristram

Si je me souviens bien, j'avais pris ce roman car il faisait partie de la sélection d'un confrère. J'ai mis un temps fou avant de le lire. Depuis, il a reçu le Prix France-Culture/Télérama. Et cela ne me surprend pas. Ecriture difficile, sujet pénible (des ados mal nés qui vont "déraper"), horriblement réaliste, voire nauséeux. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi j'ai dû aller jusqu'au bout....

L'envol des anges, M.Connelly, Calmann-Lévy (réédition)

Howard Hélias, ténor noir du barreau de Los Angeles, est retrouvé mort, tué par balles. Hélias était le spécialiste des procès qui mettent en cause des policiers accusés d'avoir abusé de leurs droits et de leur pouvoir. Pour la population noire, il ne fait aucun doute que l'auteur de cet assassinat n'est autre qu'un flic. La marmite est chaude et il s'agit de calmer le jeu. La responsabilité de l'enquête, véritable cadeau empoisonné, tombe sur la tête de l'inspecteur Harry Bosch et de son équipe. 
C'était mon premier Connelly mais il ne sera certainement pas le dernier. L'envol des anges  paru chez Seuil en 2000 est réédité chez Calmann-Lévy dans « l'Intégrale MC ». Ce polar est un petit chef-d'oeuvre : l'intrigue y est finement construite, l'action et le suspens partout présents, le profil psychologique des différents personnages parfaitement décrit, le sujet interpellant. Bref, un pur moment de bonheur !

samedi 16 juin 2012

Touchée

Hier, j'ai reçu ce petit message d'une bibliothécaire avec laquelle je travaille. Un message qui fait du bien et qui me donne une raison d'être.

Merci.
Suis contente de vous connaître et votre message apporte du sourire

Chaman, G.Tschinag, Métailié

Galsan alias Dshuruk, Hassaa et leur petit-fils font route vers les steppes montagneuses du haut-Altaï au nord de la Mongolie. « C'est ainsi que j'ai décidé de retourner là où reposent ensemble les premières empreintes de me pas, inscrites sur les rides de l'Altaï, et les premiers accents de ma voix, mêlés aux vents de cette contrée. » (p.23) Dshuruk va ainsi s'installer là où vit son peuple, les Touvas, là où sont ses racines pour y vieillir près des siens. 
Ce récit autobiographique est une histoire de rêves et de souvenirs où le héros juge sans concession ce qu'il a été, ce qu'il est et ce qu'il a fait, ses revers et ses réussites : une espèce de monologue intérieur très profond et plein d'humilité et en même temps, une petite leçon de philosophie loin des préoccupations occidentales. 
A travers le Chaman, on découvre ou redécouvre les us, les coutumes et les croyances de ce peuple nomade oublié de tous. C'est beau, c'est fort, c'est profond. 

mardi 12 juin 2012

A la lueur d'une étoile distante, M.McGarry Morris, Belfond

Mission (presque) accomplie : la semaine dernière, une cliente m'a demandé mon avis sur ce roman. Avis que je n'avais pas ne l'ayant pas lu. Je lui ai donc promis de m'y atteler dès la fin du roman en route.
J'ai donc tenté d'accomplir ma tâche en lisant presque une centaine de pages de cet ouvrage. Malheureusement, je ne suis jamais entrée dedans ou plutôt je m'y suis complètement perdue, dans des personnages qui s'appellent Sandy, Ruthy, Henry, Dollie, Nellie,...Pas moyen d'y voir clair. Abandonné.

La muraille de lave, A.Indridason, Métailié


Après le surprenant Bettý, Indridason fait une nouvelle fois l'impasse avec son commissaire Erlandur Sveinsson, parti en vacances et dont on n'a aucune nouvelle. 
C'est un de son équipe, Sigurdur Oli, qui fera les frais de ce dernier polar qui balance entre roman de moeurs et enquête policière. La vie privée et intime du policier y est largement décrite. Pour rendre service à un ami, Sigurdur rend visite à une jeune femme dont il découvre par hasard le cadavre et il aura des difficultés à expliquer à son collègue ce qu'il faisait sur les lieux du crime. Ses recherches vont l'amener à interroger des employés de banque qui pourraient être liés à cet assassinat. On a alors droit à une petite leçon d'économie sur les banques islandaises et les taux d'intérêt pratiqués qui ont amené certaines à la banqueroute (actualité récente !)
Tout va s'imbriquer progressivement : échangisme, pédopornographie, auto-justice, blanchiment d'argent, manoeuvres bancaires, magouilles, « encaisseurs »? et les petits problèmes personnels de Sigurdur. Le lecteur est alors entraîné dans une enquête finement menée.

samedi 9 juin 2012

Ils désertent, T.Beinstingel, Fayard

Premier roman lu de la Rentrée littéraire de septembre !
Un VRP en papier peint, proche de la retraite. Une jeune femme engagée pour le licencier. Un combat ? Il est raconté à la deuxième personne du pluriel (respect pour les aînés), elle à la deuxième personne du singulier. Un rythme et une écriture lancinantes, comme de longues routes, monotones, répétitives.
Une histoire de notre époque. Une très belle chute.

mercredi 6 juin 2012

Le prix à payer, L. et S.Hammer, Actes Sud

Second roman dans lequel où on retrouve le chef de la brigade criminelle de Copenhague, Konrad Simonsen et son équipe : la Comtesse, Arne, Pauline, Poul et Malte, pour une nouvelle enquête. Si j'avais bien aimé la première, Morte la bête, cette seconde m'a déçu. 
La mise en place est longue, certains épisodes n'apportent rien, l'enquête piétine, le suspens tarde, la psychologie est un peu lourde et c'est deux de tension. Pourquoi rédiger 460 pages quand 300 suffiraient ? Si le sujet de Morte la bête était interpellant, ici rien de surprenant ni d'original ! En plus, on connaît très vite le coupable et l'intrigue se résume à « comment le coincer ! » La fin est un peu plus palpitante mais cela ne suffit pas pour avoir une appréciation plus positive. Les auteurs ont intérêt à s'inquiéter un peu de la santé de leur personnage principal car il ne va pas faire de vieux os, même si la Comtesse y veille !

Morte la bête, L. et S. Hammer, Babel

C'est le premier roman de deux auteurs danois, le frère et la soeur Hammer, qui ont l'ambition d'écrire une « série » de polars aux personnages récurrents : l'inspecteur Konrad Simonsen et son équipe. 
Il s'agit du schéma classique avec prologue, qualités, travers et défauts, vie intime des personnages importants. Tout démarre avec la découverte de cinq corps d'hommes nus, pendus et mutilés dans un gymnase. L'enquête commence lentement - les auteurs doivent camper « leurs personnages » - avec des recherches pour d'abord mettre un nom sur les cadavres anonymes. Les victimes s'avèreront être des pédophiles. 
L'originalité du roman réside dans une alternance des étapes de l'enquête et des interventions des criminels et plus encore dans la principale difficulté des policiers qui sera de combattre la cabale entretenue tant par les medias que par l'opinion publique concernant les faibles peines encourues par les pédophiles au Danemark, pays jugé trop laxiste. Les victimes deviennent vite des criminels et les criminels des héros que l'on soutient, mais peut-on accepter l'auto-justice ? C'est un polar agréable au suspens progressif. A lire aussi leur seconde enquête, parue en 2012 : Le prix à payer.

Second tour ou Les bons sentiments, I.Monnin, Lattès

Quelle belle moisson de lectures, en ce moment !!!
Une petite journée pour lire celui-ci et du plaisir de bout en bout. Veille des élections présidentielles françaises, un anniversaire pour les 50 ans de Jipé et les retrouvailles de Pierre et Jeanne. Un baiser il y a 30 ans. S'aimaient-ils ? Si oui, s'aiment-ils encore ? Une belle histoire.