Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mardi 9 février 2010

Enfant 44, T.R.Smith, Belfond - Pocket


Moscou 1953. Leo Stepanovitch Demidov, tchékiste, travaille au MGB, la police secrète (qui deviendra le KGB, puis le PSB). Raïssa, son épouse, professeure, est accusée d'espionnage par Vassili Nikitin, collègue de Leo dont il veut se venger. Leo et Raïssa sont exilés dans une petite ville de l'ouest de la Russie. Leo va enquêter sur des meurtres d'enfants et de jeunes femmes. Le crime ne peut pas exister en URSS et chaque cas est considéré comme un accident. Leo va néanmoins vouloir trouver le coupable au risque de se retrouver, Raïssa et lui, dans un goulag.
Tout est parfait dans ce roman : une intrigue haletante, des personnages principaux attachants et surtout une description remarquable du monde soviétique de l'époque.
A lire absolument avant le deuxième livre de Smith : « Kolyma » dans lequel on retrouve la plupart des personnages et l'ambiance. Inutile de dire que j'ai beaucoup aimé les deux romans.
« La confiance ne va pas sans la méfiance » : aphorisme de Staline.
« La terreur était nécessaire : elle protégeait la révolution. » (p.69)
Ça donne envie de relire les romans de Soljenitsyne.

Livres numériques - sondage

Suite à un article paru ce matin dans une revue professionnelle, je me suis mise à chercher sur le Net les librairies traditionnelles qui vendent sur leur site des livres numériques. Elle sont bien plus nombreuses que je ne le pensais.
A peine moins cher que le livre papier, le livre numérique est téléchargeable sur ces sites en différents formats.
Jamais testée personnellement, je ne suis pas certaine que la lecture numérique d'un roman ou d'une BD soit agréable. Pas encore, en tout cas.
Si les livres sont dispos à la vente, quid du téléchargement illégal ? Et là, personne (sauf l'"acquéreur") n'y gagnera.
Et plus aucun contact avec un humain - dans ce cas, un libraire - dans un monde qui en manque affreusement...
Personnellement, je ne sais qu'en penser. Je ne suis pas nécessairement conservatrice sur la question et je ne voudrais pas louper le train en marche si tel est le cas.
Quelqu'un a-t-il déjà téléchargé un livre ? Qu'en avez-vous pensé ? Sinon, qu'en pensez-vous en général ?
Merci de m'éclairer sur cette question qui me taraude.

De bonne et de mauvaise humeur

D'abord, le bon : samedi, j'ai passé une excellente journée de libraire. Beaucoup de conseils mais surtout beaucoup d'échanges avec les personnes. Jusqu'à l'apothéose : une cliente qui m'a dit que je lui était précieuse. Quelle jubilation !!! Je tiens donc à vous remercier toutes et tous, lecteurs du blog et clients de la librairie, qui me soutenez dans mon merveilleux métier.
Ensuite, le mauvais : j'enrage contre les politiques qui font tellement mal leur travail. Sans entrer dans les détails, une nouvelle librairie va peut-être s'ouvrir à Arlon. Librairie d'art, salon de thé et boutique de créateurs. Le tout avec une aide de la Région Wallonne. Donc, avec mon argent et l'argent des autres commerçants d'Arlon, cette personne va peut-être ouvrir un commerce concurrent à nombre de magasins existants.
D'autres raisons motivent également cette colère. J'y viendrai peut-être plus tard.

jeudi 4 février 2010

Le carnaval des dragons, M.Ducos, Sarbacane


Avant-propos : des albums pour enfants, j'en lis vraiment beaucoup, beaucoup. Pour ne pas encombrer le blog, je ne parlerai plus que de ceux qui en valent la peine.
La ville de Draguignan lance un concours de dragons. Le plus beau deviendra l'emblème de la ville. Coloré, vivant, drôle et parlant pour les enfants, cet album de Max Ducos (qui avait déjà fait le très beau Jeu de piste à Volubilis) est encore une réussite. Du plus petit à la plus grande, cet album a séduit mes 4 enfants.

mardi 2 février 2010

Petit Pierrot, A.Varanda, Soleil


A la fois bande dessinée et album jeunesse, ce très beau livre nous offre une émouvante version de Pinocchio (Petit Pierrot) et Jiminy Criket (ici, un escargot), sa conscience. Quelques planches sont absolument magnifiques et mériteraient d'être sorties de l'album et affichées au mur.
Tout petit petit bémol : destiné aux enfants à partir de 6 ans, je ne suis pas certaine qu'ils comprennent toutes les subtilités du texte. Mais, quand bien même, c'est un puits de discussion et une mine d'or de tendresse.

Un coin de ciel bleu T1, N.Jarry, Delcourt


Une couverture tendre et belle : peut-être une nouvelle belle BD pour enfants ?
Pas du tout : un cauchemar de clichés "humoristiques" sur la campagne. Je n'ai pas tenu plus de 20 pages.

Kolyma, T.R.Smith, Belfond


Moscou 1956, dans la Russie post-stalinienne, Leo Stepanovitch Demidov, ex tchékiste du MGB (= police secrète devenue le KGB et actuellement le PSB), vit avec Raïssa, enseignante, et leurs deux filles, sœurs adoptives : Zoya (14 ans) et Elena (7 ans). Zoya déteste Leo pour avoir sans doute été responsable de la mort, pardon, de l'assassinat de ses parents. La haine s'installe. Si certains portent la tête haute et profitent de leur immunité et des privilèges réservés aux hauts fonctionnaires, les autres ont le profil bas de ceux qui ont peur : suspicion, dénonciation, corruption, manipulation... Un seul mot de travers et c'est l'arrestation et le Goulag : tel est l'univers créé par Staline. Mais Staline, « le petit père du peuple » est mort et Khrouchtchef, veut réformer et déstaliniser l'URSS. Alors tous ceux qui ont dénoncé un ami, un collègue, un voisin... redoublent de précautions. Tous ceux qui se sont enrichis grâce à la peur des autres ont peur à leur tour parce qu'ils se cachent à présent derrière cette phrase : « J'ai obéi, je n'ai pas eu le choix ». La vengeance devient alors le seul but de certains.
L'intrigue implacable de ce récit, cette tension qui monte, la psychologie des personnages et leurs relations, la description de l'univers dans lequel vivent les Moscovites de l'époque, la vie dans un Goulag, la révolte d'octobre 1956 à Budapest... tout cela rend ce récit remarquable. Je commence impatiemment ce soir le premier récit de cet auteur : « Enfant 44 » chez le même éditeur. Quel plaisir !
Commentaire personnel : comprenant l'enthousiasme de Léo sur ce roman (efficacité, rythme, sujet très intéressant,...), je ne le partage pas complètement. Bien que prise très rapidement dans l'histoire, j'ai trouvé ce livre un peu trop cliché du genre. Sans vouloir vexer les hommes, c'est peut-être plutôt pour vous.