Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

dimanche 30 décembre 2012

2013




Selon votre humeur ou vos envies, choisissez, durant l'année, la carte qui vous sied...

En vieillissant les hommes pleurent, J.L.Seigle, Flammarion

Un hymne à la littérature, un plaidoyer contre la guerre, l'histoire d'une famille durant une journée dans les années 60 : un très beau roman, tout simplement !

vendredi 28 décembre 2012

La culture de l'égoïsme, C.Lasch et C.Castoriadis, Climats

En 1986, C.Lasch (j'ai déjà lu de lui Culture de masse ou culture populaire ?) et C.Castoriadis (encore rien lu mais il est temps) se sont rencontrés sur un plateau d'une chaîne publique anglaise. Jamais leur échange n'avait été retranscrit. Il vous est proposé depuis peu (après un an de recherche) par les éditions Climats.
Visionnaires ou simplement réalistes ? En tout cas, tristement contemporain.

jeudi 27 décembre 2012

L'atelier des miracles, V.Tong Cuong, Lattès

Deuxième roman de la Rentrée littéraire de janvier 2013. De cette auteure, j'avais particulièrement apprécié Providence. J'avais donc très envie de lire son Atelier des miracles, comparé par l'éditeur à La liste de mes envies. Millie, Mariette et Monsieur Mike, trois accidentés de la vie, vont trouver en Jean Hart leur sauveur...
Je suis malheureusement moins convaincue par ce texte que par celui de G.Delacourt. C'était trop beau pour être vrai et de miracle il n'y a pas eu.

L'élan d'Elise, X.Bontemps, Ed. Namuroises

Le « je » narrateur, tout comme l'auteur d'ailleurs, a quitté son job intéressant de cadre dirigeant pour se lancer dans la « Gestalt » et la formation en tant que « stimulateur ». « Je » est à la fois porté par Maud, son épouse, à qui il a juré, non pas fidélité, mais complicité, et par ses rencontres et relations féminines dont Elise. « Je » et Maud forment un couple atypique, anticonformiste et heureux où la jalousie n'a pas sa place. Présenté comme « récit d'une aventure », le roman est plutôt le récit d'une(de) relation(s) sentimentale(s) et amoureuse(s) où l'amour est un élan vers l'autre. « Le plus beau cadeau qu'une femme puisse offrir à un homme, ce n'est pas de l'aimer, c'est de se laisser aimer. » « L'amour ne rend pas libre. L'amour ouvre les portes. L'amour porte, emporte. Mais il ne rend pas libre. Il engage. » Les personnages sont à la fois distants et attachants ; le récit, lui, est touchant, léger et profond, troublant parce qu'il fait voir les choses de la vie autrement.

Le dernier Lapon, O.Truc, Métailié

Très gros coup de coeur pour ce roman rare, original, palpitant, puissant et culturellement très intéressant. Vous connaissez la Laponie, vous ? Kelmet, le Lapon, le sami, et Nina, sa jeune coéquipière, font partie de la Police des rennes, chargée de régler les tensions et les querelles entre les éleveurs. Mattis, un berger éleveur, est retrouvé mort à quelques pas de son gumpi, les oreilles tranchées. Un tambour chaman est volé au centre culturel de Kataukeino. Kelmet et Nina sont chargés par la police locale de résoudre les deux affaires. Au-delà de l'enquête policière, c'est la découverte d'une région à cheval (à renne ?) sur la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie ; d'une civilisation ; d'une culture sami. 
Si les Lapons restent une « ethnie » protégée, leur existence précaire va s'opposer aux intérêts de tous ceux qui veulent s'approprier les richesses géologiques de cet immense territoire. Puissant !

mercredi 26 décembre 2012

Loin du monde, S.Ayreault, Au Diable Vauvert

Seraient-ce mes fantasmes de cabane au fond des bois qui m'ont fait interprété le résumé de ce roman (à paraître en janvier) comme l'histoire d'un adulte vivant Loin du monde ? Car d'adulte éloigné, il n'en est rien. C'est l'histoire d'un enfant grandissant que raconte ce roman. Un enfant proche de sa zigounette et loin des préoccupations d'adultes qui va se prendre la réalité en pleine tête !!!

Coup de pub, P.Aspe, Albin Michel

La 10ème enquête du commissaire Van In, le Maigret flamand en moins « constipé ». Le marié du jour, un publicitaire et riche héritier d'une grande entreprise de poissonnerie, est retrouvé assassiné dans sa chambre. Van In et Hannelore étaient de la réception et ça repart pour une enquête, non pas dans les bas fonds de Bruges mais toujours dans les hautes sphères, celles des politiques, des hommes d'affaires, des haut-placés où magouilles et corruptions sont monnaies courantes. 
Au-delà de l'enquête, il y a les anecdotes intimes du couple commissaire ours et jolie juge d'instruction. C'est du belge et on n'est jamais loin des situations un peu surréalistes. Aspe ne se prend pas la tête, il s'amuse à écrire de la série noire. 
Agréable récréation comme quand on regardait « Les Cordier, juge et flic » et « Julie Lescaut ». 

Le message du pendu, P.Aspe, Albin Michel


Clap ! Silence ! On tourne la 11ème de Van In. Même scénar : 4 petits meurtres et puis s'en vont. Nous sommes toujours à Bruges avec des petits allers-retours à Blankenberge. Cette fois-ci, on tombe dans le contre-espionnage ! On reprend les mêmes ; on fume, on boit, on mange, on copule. Hannelore a toujours ses humeurs et Pieter résistera à la jolie fliquette aux seins menus et au joli petit cul. La prochaine fois on saura sans doute si Versavel a échappé au HIV ! Sans prétention et saine récréation.

L'amour sans le faire, S.Joncour, Flammarion

Franck vit seul et cela fait dix ans qu'il n'a plus de contacts avec sa famille. Louise est seule, elle aussi, et vivote dans son veuvage depuis la mort accidentelle d'Alexandre, le frère de Franck. Chacun tente de surnager dans une vie faite de grisaille, de solitude, de souvenirs et de désespoir. « On ne refait pas sa vie » dit Louise mais c'est sans compter sur le petit Alexandre de 5 ans qui vit à la ferme des parents de Franck. Les deux désabusés vont se retrouver par hasard à la ferme. En regardant Louise, Franck se dira que « il la regardait comme une soeur un peu trop jolie, ou une femme avec laquelle il avait vécu depuis toujours, une femme avec laquelle il ne serait plus question de désir mais de tout le reste, un genre d'amour intact, l'amour sans le faire, mais tout entier. » 
Roman lent, triste, intimiste, gris, distant, fataliste mais porté par une langue stylée. 

mercredi 19 décembre 2012

Les pays, M.H.Lafon, Buchet-Chastel

Léo en avait écrit tant de bien que j'ai eu envie de le lire ! Et que je l'ai, sur base de sa critique, choisi pour être le sujet de notre prochaine soirée littéraire (le jeudi 7 février - 20h00 au 180 -).
Sinon, qu'en ai-je pensé ? Que ce livre m'a troublée dès les premières pages. Serais-je tant formatée qu'un roman particulièrement écrit, avec des phrases dont la construction est très travaillée et un vocabulaire pointu et rare, me pose des difficultés de lecture ? En tout cas, ce n'est qu'arrivée à la troisième et dernière partie du livre que j'en ai véritablement apprécié la substance et la richesse. Un livre-défi que j'aimerais lire à haute voix ou entendre.

Le roi est occupé...

Aujourd'hui, la presse a annoncé le décès de Mario Ramos. Les enfants, les parents, les libraires, les institutrices, les bibliothécaires,...perdent un grand nom de la littérature de jeunesse.

jeudi 13 décembre 2012

Le froid modifie la trajectoire des poissons, P.Szalowski, Héloïse d'Ormesson

J'ai commenté il y a très peu de temps le second roman de cet auteur (Mais, qu'est-ce que tu fais là ?). L'envie de pouvoir proposer des choses douces et belles en cette période de fêtes m'a poussée à lire son premier. Sur le même mode, voire avec des personnages identiques, il nous raconte cette fois l'histoire d'un garçon de 11 ans qui demande au ciel de l'aider, après l'annonce par ses parents de leur séparation. Un verglas terrible va alors paralyser le pays et réunir les gens et les coeurs. On sait ce qu'on lit, on connaît la fin dès la première page mais on sourit quand même jusqu'au bout.

L'hiver du monde, Le siècle 2, K.Follett, R.Laffont

Un pavé de 1000 pages de presque 1kg pour raconter la période de 1933 à 1949 vue par Follett qui récidive avec sa recette incontournable du schéma narratif : alternance d'améliorations et de dégradations de situations avec les mêmes ingrédients : décors et événements historiques, politique, diplomatie, stratégie, espionnage, vie sociale, petites « sagas » familiales avec leurs bonheurs et malheurs, couples qui se font et se défont, secrets cachés, liaisons, sentiments ; dans des milieux sociaux différents qui évoluent à travers les événements de cette période troublée. Pas vraiment un Xème roman sur la guerre mais une vision personnelle sur la démocratie, le communisme, l'antisémitisme, le fascisme, le nazisme, les conservateurs, les travaillistes, les républicains, les démocrates, les socialistes et les grands qui ont fait ou défait l'histoire. Bref, un cocktail détonant. 
Ayant lu tous les romans de Follett, je me permets de signaler ceux qui font partie de mes coups de coeur : Les lions du Panshir, Les piliers de la terre, La marque de Windfield, Un monde sans fin, La chute des géants. Coup de coeur également avec L'hiver du monde et vivement le 3èmequi devrait correspondre à ma génération d'après les années 50.

mercredi 12 décembre 2012

Noël...


Que nos vies aient l'air d'un film parfait, C.Fives, Le Passage

Roman assez court où les différents protagonistes d'un divorce racontent le drame qui les touche mais surtout la séparation qui s'en suit entre un frère et une soeur. Sujet sensible et dur mais texte ni triste, ni larmoyant, ponctué, peut-être pour tenter d'adoucir le récit, de tubes des années 80. Réussi !

vendredi 7 décembre 2012

Le géant petit cadeau, R.Courgeon, Père Castor

Les albums pour enfants sans parole, j'adore ! A nous l'exercice périlleux de lire les images... Dans ce livre très réussi de Rémi Courgeon, nous sommes aidés par de petits dessins à côté du grand sur chaque double page. Humour, intelligence, tendresse. Le géant petit cadeau idéal à glisser sous le sapin !!!

Mais qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?, P.Szalowski, Héloïse d'Ormesson

A l'approche de Noël et aussi parce qu'il y en a marre des romans tristes, sombres qui en rajoutent une couche au climat de crise dans lequel nous vivons, j'avais envie de lire un roman léger, gentil, qui ferait du bien. Alors, j'ai pris celui-ci. Un homme seul, un soir de Noël, qui va s'inventer un fils car il n'en est peut-être plus un.
Même si je mettrais plutôt ce livre dans les mains de mon aînée, je n'en regrette pas la lecture. C'était annoncé comme un conte de Noël. C'en était un et c'est bien ainsi.

La faille souterraine, H.Mankell, Seuil

Wallander avant Wallander ! Mankell répond ainsi aux voeux de ses fidèles lecteurs en rédigeant/reprenant/réactualisant des enquêtes de son fameux commissaire avant « Meurtriers sans visage », le 1er de la série des Wallander. 
5 récits et donc 5 enquêtes dans lesquelles on découvre d'abord un jeune Wallander de 22 ans, simple policier en uniforme maladroit et puis un Wallander, enquêteur à la Crim'. Les enquêtes d'abord simples, se compliquent au fur et à mesure que le bientôt commissaire prend de l'âge. C'est tout le plaisir de retrouver ce personnage avec ses problèmes personnels ; sa famille, sa séparation avec Mona, ses relations avec sa fille Linda et celles avec son père qui peint toujours le même tableau avec ou sans « grouse » - et ses réflexions sur l'évolution de la société suédoise. J'ai vraiment passé des moments très agréables en tant que lecteur assidu de Mankell que ce soit avec ou sans Wallander. Une oeuvre, l'ensemble, à découvrir ou à redécouvrir absolument !

Aimer (quand même) Le XXIe siècle, J.L.Servan-Schreiber, Albin Michel

Après avoir écouté avec grand intérêt l'auteur, sage de notre temps, sur La Première, j'ai eu très envie de lire son ouvrage. Moi qui ai tant d'inquiétudes quand à l'avenir de notre Terre et de nous, humains, j'ai espéré être apaisée et me faire entendre dire que le futur est plus rose qu'on ne le pense actuellement.
Malheureusement, dans cet ouvrage, j'ai assez difficilement distingué le bon du mauvais et j'émets des réserves sur ce qu'il prétend être le positif de notre avenir (n'a-t-on pas perdu le Nord quand on utilise le terme "insupportable" parce qu'on a un internet un peu lent - entendu ce matin plusieurs fois sur France Inter - ?).